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Pénologie

 

Évoquée pour la première fois en 1834, la pénologie a été définie comme la science de la (ou des) peine(s). Alors même que ce qu’est une peine reste un débat, il semble adéquat de considérer qu’il n’y a pas une mais bien des pénologies, tant les définitions en rendant compte et les approches qui en découlent varient. Si l’on tente de les systématiser, quatre d’entre elles se dégagent. Nous les appellerons : la pénologie politico-correctrice, la pénologie juridico-systémique, la pénologie socio-contextuelle et la post-pénologie. Plus qu’une succession chronologique, ces termes, qui nous sont propres, distinguent le cadre dans lequel les questions relatives à la peine sont appréhendées. Au-delà de ces cadres, des contextes d’émergence et des objets d’étude, nous présentons aussi certaines limites de chacune de ces pénologies. Précisons d’emblée que certains domaines n’ont pu être traités ici, en particulier la justice des mineurs (J. Trépanier ; D. Defraene) et les représentations du pénal dans l’opinion publique (Ph. Robert et C. Faugeron ; J. Roberts). Quant aux références proposées, elles renvoient autant à des figures de proue qu’à quelques développements pénologiques stimulants, sans prétention toutefois de couvrir le foisonnement de ce vaste champ de recherche.    

Une pénologie politico-correctrice : endiguer le crime par la promotion et l’évaluation de peines qui ne seraient pas que répressives

Le cadre de la pénologie politico-correctrice est celui des pouvoirs publics et d’un langage juridique non problématisé (le crime a une réalité ontologique et la nécessité de la peine va de soi). À l’époque où les sciences de l’homme connaissent un sérieux essor, les seuls registres philosophico-juridiques de la dissuasion (C. Beccaria ; J. Bentham) et de la rétribution (E. Kant) ne suffisent plus pour réfléchir la sanction pénale. En effet, derrière une peine toujours davantage associée au pénitencier, une philosophie s’affirme de plus en plus au XIXème siècle, soutenant l’idée qu’une modification de la manière de penser et/ou d’agir du criminel est possible. L’idée de correction s’installe dans les pénitenciers : l’instauration de programmes d’intervention « curative » (d’abord morale, puis davantage médicalisée et/ou psychologique) s’y organise. La pénologie politico-correctrice se concentre alors sur une évaluation des peines qui couple les registres philosophique et juridique avec des questions pragmatiques d’efficience. What works? en est le leitmotiv, d’abord dans les prisons et bientôt aussi en milieu ouvert.

Les sciences humaines ont ainsi institué une science pénologique associée aux activités  étatiques de contrôle de la délinquance. N’oublions pas que cette science, qui assimile ses objectifs à ceux des peines étudiées, a pris son essor dans un contexte particulier, celui des agitations sociales de la deuxième moitié du XIXème siècle. Si la vocation première de cette pénologie est correctrice, c’est en épousant ensuite diverses tendances politiques et sociales (just desert, réparation, etc.) qu’elle s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui. Une polymorphie qui, à y regarder de près, n’a finalement jamais vraiment exclu du concept de punition le registre philosophico-juridique de ses racines, dont notamment les idées que : (1) punir ou traiter est une obligation (morale ou utilitaire) dont l’imposition revient à l’État ; (2) intervenir nécessite l’exclusion sociale de l’individu, sa mise à l’écart ; (3) faire souffrir autrui est un mal largement compensé par la production d’un bien individuel ou collectif plus important.

Une pénologie juridico-systémique : décrire les peines à partir de la rationalité pénale moderne et comprendre les blocages à l’édification d’un autre regard sur et par le droit criminel

Différentes récurrences interpellantes dégagent la pénologie de ce cadre correctif : 1) l’énorme difficulté juridique à légitimer des sanctions pénales qui ne visent pas intentionnellement à infliger une souffrance au coupable ; 2) la tendance nette à la croissance des incriminations et pénalisations dans le code criminel, indépendamment de la conjoncture historique ; 3) le constant souci juridique (doctrine, philosophie du droit, commissions de réforme) de différencier les sanctions du droit criminel des sanctions d’autres types de droit (civil, administratif), et de réduire les débats sur la peine à ses justifications possibles.

Dès lors, le cadre de la pénologie juridico-systémique est le droit criminel lui-même, incluant le rapport à  son environnement : autres systèmes juridiques, politiques publiques, médias, etc. Cette pénologie interroge la faculté du droit criminel à ne pas se mettre en question. Les auteurs de ce courant cherchent à décrire sociologiquement les différentes théories modernes de la peine (rétribution, dissuasion, dénonciation, réhabilitation/neutralisation) pour montrer ensuite comment elles créent et organisent ensemble un système d’idées : la rationalité pénale moderne (Pires, 1998). Cette rationalité permettrait au système de droit criminel de construire sa propre réalité, de préciser ses objectifs et les moyens légitimes pour les réaliser. L’hypothèse générale, ici, est que ce système d’idées, dans sa logique guerrière, constituerait un obstacle majeur à la réception de sanctions ni hostiles ni excluantes. Sans négliger le processus de complexification pénale (entre autres l’irruption  de « la victime » dans les procédures), cette pénologie s’intéresse aussi aux conditions d’émergence, de sélection et de stabilisation des idées innovatrices. A. Pires explore par exemple la percée, certes timide, d’une théorie de la réhabilitation qui, depuis les années 1960, défend des idées non reconnaissables par la rationalité pénale moderne: la prise de distance avec le traitement en milieu fermé, l’importance de tenir compte des liens sociaux, le refus de parler en termes d’intraitabilité, le refus du principe même des peines minimales, la réhabilitation comme un droit en soi, le principe de la moindre souffrance et de la moindre intervention possibles.

Ceci nous amène à deux autres formes de pénologie, tout aussi intéressées à comprendre comment le droit criminel traduit les échos de son environnement mais peut-être moins intéressées par (ou convaincues de) la résistance et/ou de la centralité de la rationalité pénale moderne pour qui veut saisir ce qu’est une peine aujourd’hui.

Une pénologie socio-contextuelle : ancrer les peines dans leur historicité sociale pour mieux comprendre les formes qu’elles revêtent et les usages qui en sont faits    

Cette pénologie voit dans la pénalité un phénomène qu’il serait inadéquat d’interpréter à l’aune de sa seule dimension philosophico-juridique. Sans nécessairement nier le fait que le droit criminel bénéficie d’une certaine autonomie sélective et d’une spécificité qui lui serait propre, elle recadre les peines dans les mouvements et transformations économiques, sociales et culturelles qui touchent leur environnement. Autrement dit, sa prémisse est que lorsque les modes d’exercice du pouvoir, le rapport à la norme, les modes de légitimation du savoir ou encore les points de vue sur l’individu changent dans l’environnement du droit criminel, ces modifications peuvent également se refléter sur la pénalité, comprise ici comme l’activité des différentes institutions pénales, de la police aux établissements pénitentiaires. Compte tenu de la variété de ses champs d’étude, cette pénologie sera davantage référencée.

Une première lignée de recherche montre comment la stratification sociale est (re)produite par le travail pénal : l’homme jeune, d’origine ethnique marginalisée et issu des couches socio-économiquement défavorisées constitue le client-type pour la prison  (Aubusson de Cavarlay, Godefroy, 1985 ; Steffensmeier, Ulmet et Kramer, 1998) ; une femme, elle, est plutôt orientée vers la psychiatrie et l’aide (Lloyd, 1995). Suite à ces constats, ce sont les processus sociaux de sélection de la clientèle pénale et d’attribution des peines qui sont interrogés : les prémisses cognitives, les activités interprétatives, les logiques organisationnelles… des différentes agences impliquées dans la peine (Garfinkel, 1949 ; Hogarth, 1971 ; Hutton, 2006). D’autres recherches ont montré que des enjeux économiques éclairent aussi le choix des peines : la peine de prison ou de mort régresse quand le pays a besoin d’une importante force de travail ; la population pénitentiaire augmente en période de récession ; les conditions de vie en pénitencier sont moins favorables que celles des pauvres dans la vie « civile » (Rusche et Kirchheimer, 1939 ; Sellin, 1976 ; Box et Hale, 1982 ; Christie, 1993 ; Melossi, 1998 ; Vanneste, 2001). Ce dernier type d’analyse, selon laquelle la valeur humaine croît en même temps que son utilité, s’est trouvée fragilisée face à la généralisation progressive de la peine de prison. À cet égard, l’institution carcérale a aussi été considérée comme un mur derrière lequel sont cloîtrées souffrance et violence, de façon à les cacher à notre sensibilité croissante (Elias, 1973/1939).

Mais la pénologie socio-contextuelle met aussi l’accent sur la façon dont les peines sont touchées par des changements liés aux modes d’énonciation de la norme et aux modèles de contrôle social qui leur seraient corrélatifs. À notre époque marquée par la modernité tardive, la norme et ses objectifs apparaissent moins clairs ; les modalités de contrôle social ont elles-mêmes profondément changé. L’origine de l’autorité n’est plus aussi visible et d’autres dispositifs font du pouvoir contemporain un pouvoir plus ubiquitaire, multiple et imprévisible que jamais (Foucault, 2004 ; De Munck, 1997 ; Lianos, 2003). Les attentes dans un tel mode de contrôle ne porteraient plus (ou plus seulement) sur des fautes à reconnaître, des écarts de comportements à combler ou des sanctions normalisatrices à imposer. L’individu ne serait plus seulement sommé de se conformer, il doit à tout instant se réinventer. Dans cette logique, la responsabilité du risque qu’il court ou qu’il fait courir ne revient qu’à lui seul ; l’on s’attend à ce qu’il participe activement à l’exécution de sa propre peine, ce qui instaure une nouvelle forme de contrainte (Kaminski, 2006). Enfin, plusieurs auteurs mentionnent que les évaluations de l’action publique porteraient maintenant davantage sur l’effectivité des procédures que sur les résultats que ces dernières peuvent produire. Certains évoquent aussi une nouvelle pénologie, centrée sur l’identification actuarielle et la gestion sécuritaire des groupes « à risque de délinquance », dans laquelle les individualités sont ignorées (Feeley, Simon, 1992). Si l’usage abondant de la notion de « risque » pourrait candidement laisser croire à la fin des idéologies au profit d’un simple pragmatisme neutre et rationnel, la montée des nouvelles technologies (caméras de surveillance, puces et bracelets électroniques, tests ADN) pourrait aussi donner lieu à de nouvelles configurations morales l’apparence de simples agencements techniques. Finalement, ces « nouvelles » tendances de la pénalité renverraient d’abord à une logique de protection sécuritaire de la stratification sociale contemporaine (Garland, 2001 ; Mary, 2001).

Une post-pénologie : éclairer indirectement les formes et usages (mais aussi les limites, les apories…) des réponses pénales en explorant l’ailleurs des situations problèmes et de leur gestion

Enfin, une dernière définition de la pénologie renvoie peut-être à une lecture… post-pénologique (non pas au sens où la pénologie aurait vécu mais plutôt au sens où des lignes de force émergeantes seraient désormais difficiles à inscrire dans sa stricte filiation). En effet, bien que les questions traitées par les pénologies présentées jusqu’ici soient distinctes, elles se centrent toutes sur la peine et la pénalité. Si la pénologie a été définie comme la science de la (des) peine(s), la post-pénologie va plus loin puisque plutôt que s’attarder à un environnement qui serait à même d’éclairer les mesures et peines (et leurs variantes infra-pénales), elle s’intéresse à d’autres manières de poser le « problème de la déviance » et de sa résolution. Pensons notamment ici à tout ce qu’on pourrait regrouper sous le vocable « zémiologie » (Hillyard et al., 2004).

Les auteurs liés à ce courant zémiologique nous invitent à identifier les limites et conséquences des pénologies exposées supra: elles focalisent l’attention du public sur le système pénal et ce faisant légitiment le régime de vérité étatique ; elles proposent des réformes ou des altérations du système pénal, ce qui revient finalement à le conforter ; en conséquence, ces discours et analyses risquent de perpétuer la croyance que la criminalisation des situations problèmes et la punition étatique sont nécessaires. Par ailleurs, ces pénologies négligeraient trop souvent le fait que seul un nombre très restreint d’actes criminalisables est réprimé pénalement, que ces actes sont socialement discriminés et qu’une grande majorité d’entre eux n’arrivent même pas aux instances judiciaires. En outre, d’autres situations ne sont pas criminalisées alors qu’elles attentent au bien-être et à la sécurité de la population comme la pauvreté, la pollution ou les accidents de travail.  Et enfin, les attentes des victimes ne sont que peu rencontrées durant leur passage dans le système pénal, celui-ci tendant plutôt à produire une victimisation secondaire et une souffrance, comme il le fait pour le condamné.

Pour ces raisons, il apparaît fondé, dans une perspective post-pénologique, de se décentrer du crime et de la peine en explorant la question plus large des torts sociaux et de leur régulation et ce, de façon à sortir des œillères de la lunette pénale. Un premier foyer d’intérêt ne porte plus sur la justification, les modalités ou les usages de la peine mais se recentre sur le vécu du justiciable, l’expérience pénale pouvant produire de la souffrance et de la résistance chez tous les protagonistes de la situation problème (voir, déjà en 1981, Landreville, Blankevoort, Pires). Dans ce foyer concernant encore le pénal, certains vont renverser la question de la privation de liberté en interrogeant la notion de liberté elle-même (Chantraine, 2004). Une seconde voie part du principe que la société n’a pas attendu l’instauration de l’État pour s’organiser (Dos Santos, 2004). Elle se propose d’explorer dans la vie quotidienne ce que les gens identifient et définissent comme tort social et quelles réponses ils y apportent. Cette seconde voie ouvre la réflexion sur les caractéristiques (d’une grammaire) de la socialité et ce faisant, pourrait également contribuer à repenser la justice pénale, sa relation avec les justiciables et son mode de sanction si prégnant, la peine.

Références

  • Aubusson de Cavarlay, B., Godefroy, T. (1985), « Hommes, peines et infractions, la légalité de l’inégalité », Année sociologique, 35, pp. 275-309.   
  • Box, S., Hale, Chr. (1982), « Economic Crisis and the Rising Prisoner Population in England and Wales », Crime and Social Justice, 17, pp. 20-35.
  • Chantraine, G. (2004), « Prison et regard sociologique : pour un décentrage de l'analyse critique », Champ pénal, 1, http://champpenal.revues.org/document39.html
  • Christie, N. (2003/1993), L’industrie de la punition. Prison et politique pénale en Occident, Paris, Autrement, coll. « Frontières », 2003.
  • De Munck, J. (1997), « Du souci de soi contemporain. Déformalisation, modèle régulatoire et subjectivité », in G. Bajoit, E. Belin (dir.), Contributions à une sociologie du sujet, Paris, L’Harmattan, pp. 133-164.
  • Dos Santos, D. (2004), « Por uma outra justiça : direito penal, estado e sociedade », Revista de Sociologia e Politica, 23, 11, pp. 127-139.
  • Elias, N. (1973/1939), La civilisation des mœurs, Paris, Calmann-Lévy.
  • Feeley, M., Simon, J. (1992), « The New Penology : Notes on the Emerging Strategy of Corrections and Its Implications », Criminology, 30, 4, pp. 449-474.
  • Foucault, M. (2004), Sécurité, territoire, population. Cours au Collège de France (1977-78), Paris, Gallimard/Seuil, Collection Hautes études.
  • Garfinkel, H. (1949), « Research Note on Inter- and Intra-Racial Homicides », Social Forces, 27, pp. 379-384.
  • Garland, D. (2001), The Culture of Control. Crime and Social Order in Contemporary Society, Oxford, Oxford University Press.
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  • Hogarth, J. (1971), Sentencing as a Human Process, Toronto, University of Toronto Press.
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  • Melossi, D. (1998). The Sociology of Punishment: Socio-Structural Perspectives. Brookfield, VT: Ashgate
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  • Sellin, T.J. (1976), Slavery and the penal system, New York, Elsevier.
  • Steffensmeier, D., Ulmet, J., Kramer J. (1998), « The Interaction of Race, Gender, and Age in Criminal Sentencing: the Punishment Cost of Being Young, Black, and Male», Criminology, 36, 4, pp. 763-797.
  • Vanneste, C. (2001), Les chiffres des prisons. Des logiques économiques à leur traduction pénale, Paris, L’Harmattan.
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Femmes et enfermement

Auteur: 
Martel, Joane

 

L’incarcération est le processus par lequel des individus sont institutionnalisés par un organisme carcéral tel qu’un service correctionnel et ce, dans une prison, une institution de santé mentale, un centre de détention pour juvéniles ou tout autre établissement carcéral visant à isoler les détenus de la société. Quoique l’avènement de la prison remonte à plusieurs siècles, son utilisation en tant que peine judiciaire remonte uniquement à la seconde moitié du dix-neuvième siècle. À cette époque, les femmes justiciables étaient incarcérées au sein des établissements qui étaient destinés à loger des hommes, et qui étaient gérés par des hommes. Condamnées pour délits mineurs, la majorité des femmes étaient détenues dans des petites prisons locales de comté. Lorsqu’elles étaient condamnées pour des crimes plus sérieux, les femmes étaient alors confinées dans des prisons de plus grande envergure, plus spécifiquement dans des ailes temporaires non-utilisées de la prison, en fonction de ce qui était le moins dérangeant pour les hommes détenus. Au sein de ces espaces, le traitement carcéral des femmes était davantage caractérisé par la négligence, le barbarisme ou le paternalisme que par la philanthropie ou la réhabilitation. De manière générale, les privations physiques, la torture, la brutalité étaient des caractéristiques endémiques de la vie en prison au dix-neuvième siècle. Les femmes semblaient être particulièrement soumises aux pires de ces privations telles que les infestations d’insectes et de rongeurs, la saleté, la famine, les maladies, le travail insignifiant, les punitions cruelles pour infractions disciplinaires et les abus sexuels de la main des gardiens. Les enfants condamnés pour des crimes, de même que les enfants nés en prison, vivaient auprès des femmes détenues et étaient sujets à des conditions de vie similaires.

Le traitement carcéral des femmes ne fut au cœur des préoccupations correctionnelles que très tard à la fin du vingtième siècle. Au dix-neuvième siècle, ainsi que durant une bonne part du siècle suivant, les femmes ne constituaient pas une priorité correctionnelle. Les raisons invoquées sont multiples, mais les principales sont à l’effet que les femmes étaient trop peu nombreuses en détention, qu’elles ne posaient aucun problème majeur en matière de gestion et de sécurité au sein de la prison ou, encore, que les autorités correctionnelles adoptaient, à leur égard, la perception, alors dominante au dix-neuvième siècle, du rôle des femmes où l’on tenait ces dernières à un niveau d’estime morale plus élevé que les hommes. De ce fait, les femmes dont le comportement ou les attitudes étaient jugés non conformes aux dictats moraux de l’époque étaient perçues comme étant mentalement anormales, sexuellement déviantes ou perturbées sur le plan émotionnel. Les femmes détenues, quant à elles, étaient considérées comme étant davantage dépravées que les hommes et fréquemment incapables de rédemption ou de réforme.

Depuis cette époque, un certain nombre de disparités de genre ont été documentées dans le traitement carcéral réservé aux femmes. Il y aurait, d’abord, une distinction notable au niveau des trajectoires pénales des populations carcérales, les femmes étant fréquemment condamnées à l’enfermement pour des crimes de gravité moindre que les hommes. Il y aurait, ensuite, une différence dans le nombre et l’architecture des établissements de détention pour femmes. Non seulement les femmes bénéficient-elles d’établissements moins nombreux, entraînant ainsi une plus grande dislocation géographique que celle observée chez les hommes détenus, mais elles seraient également enfermées dans des établissements dont le niveau de sécurité dépasse leur niveau de risque. Il y aurait, enfin, une troisième disparité de genre notable, soit celle observée au niveau de la quantité et de la qualité des programmes correctionnels et des services offerts aux femmes détenues. Puisque les femmes sont périodiquement emprisonnées dans des établissements déjà surpeuplés, dans des ailes non requises par les hommes détenus, elles bénéficient généralement d’un accès limité à des programmes éducatifs, professionnels ou récréatifs puisque, de manière générale, la prison ne mêle pas les hommes et les femmes en son sein. Quoique les hommes et les femmes puissent être enfermés dans le même établissement, ils le sont, cependant, dans des quartiers séparés. Mêmes les prisons dites « mixtes » ne permettent pas, en règle générale, les contacts entre les hommes et les femmes. Dans ces circonstances, l’administration pénitentiaire privilégie généralement les programmes destinés aux hommes, étant donné le petit nombre de femmes incarcérées dans ces établissements.

Ces principales disparités carcérales ont pour effet de produire des normes de soins inférieures chez les femmes incarcérées. Dans une large mesure, les caractéristiques sociales des femmes et des hommes incarcérés se chevauchent ; pauvreté, niveau élevé de chômage ou emplois faiblement rémunérés, faibles niveaux de scolarisation, difficultés psychosociologiques des familles, antécédents de toxicomanie, suicides et dépressions. Cependant, certaines caractéristiques sont davantage propres aux femmes. Les principales recherches dans ce domaine ont documenté qu’avant leur incarcération, les femmes vivaient dans un dénuement socio-économique plus important que les hommes. Jouissant d’une éducation formelle et d’habiletés professionnelles davantage précaires, ces femmes bénéficient peu d’emplois convenablement rémunérés et possèdent donc, de manière générale, des ressources économiques moins substantielles que les hommes. Par ailleurs, elles assument des responsabilités familiales plus lourdes ou plus nombreuses (ex. avoir la charge légale et morale des enfants), et s’insèrent des trajectoires de vie davantage parsemées de mauvais traitements d’ordre physique, psychologique et sexuel que les trajectoires des hommes condamnés à l’enfermement. Ainsi, l’idée générale entretenue dans la littérature féministe est à l’effet que les femmes souffriraient différemment de l’emprisonnement comparativement aux hommes et ce, non seulement parce que leurs conditions de détention ont fréquemment été plus pénibles que celles des hommes, au courant du vingtième siècle, mais également parce que les femmes condamnées à la prison proviennent généralement de milieux davantage défavorisés.

Or, le pourcentage de femmes admises en détention augmente depuis la fin des années 1970 dans plusieurs pays occidentaux. D’aucuns s’entendent pour affirmer que les dernières décennies du vingtième siècle ont vu les femmes prendre la direction de la prison en nombre sans précédent. La tendance internationale actuelle témoigne, en réalité, d’une escalade de la punitivité de la justice pénale envers les femmes. À l’échelle mondiale, la population carcérale subissant la plus forte expansion sont les femmes, en particulier les jeunes femmes, pauvres et racialisées de même que les femmes ayant des troubles de santé mentale. L’accroissement du nombre de femmes emprisonnées semble lié à l’éviscération des soins de santé, de l’éducation et des services sociaux. Ce sont les femmes d’origine afro-américaine et hispanique qui constituent disproportionnellement plus de la moitié des femmes incarcérées aux États-Unis, alors qu’au Canada ce sont surtout les femmes d’origine autochtone et afro-canadienne qui peuplent les établissements de détention. En Australie ainsi qu’au Royaume-Uni, ce sont également des femmes d’origine ethnoculturelle minoritaire qui occupent une place disproportionnelle parmi les populations carcérales féminines.

En tant que mode singulier d’organisation sociale, la prison incarne des relations qui conditionnent et reproduisent une structure de déshumanisation en ceci que le pouvoir étatique, duquel est constituée la prison, se traduit par des formes de domination – et de propriété – sur le corps humain comme mesure de la paix, de la sécurité et de l’ordre social. Au sein de la prison, l’identité personnelle et sociale sera soumise à l’utilisation de diverses techniques de gestion des populations dont l’un des effets principaux est l’altération des subjectivités. Les ouvrages académiques portant sur les processus de construction ou de préservation identitaire sont nombreux et couvrent un vaste ensemble de champs disciplinaires allant du droit et de l’anthropologie à l’administration des affaires en passant par la sociologie et la pénologie. Notamment, les régimes carcéraux pour femmes se modulent, informellement, en fonction de conceptions spécifiques et idéologiques concernant la féminité. Les politiques et les pratiques carcérales se conçoivent comme une entreprise de genrification en raison du fait qu’elles tendent à renforcer les attentes sociales relatives à la conduite féminine appropriée. Précisément, elles tentent d’arrimer les comportements et attitudes des femmes incarcérées aux rôles genrés socialement acceptés. Dans cet ordre d’idées, les programmes vocationnels et les opportunités d’emploi sous rémunération qui sont disponibles aux femmes détenues sont fréquemment orientés vers la gestion ménagère (ex. gestion de la cantine de la prison) ou les techniques de maternage (ex. dressage à l’obéissance canine). La recherche sur les femmes et l’enfermement a depuis longtemps confirmé la ténacité historique de la croyance paternaliste et maternaliste selon laquelle les femmes peuvent être incarcérées « pour leur propre bien », de manière à les convertir en meilleures épouses et meilleures mères. C’est notamment dans cette lignée qu’est né, dans plusieurs pays occidentaux, le concept de la « prison saine », un concept que promeut l’Organisation mondiale de la santé depuis de nombreuses années.

Le Canada est en quelque sorte l’un des premiers pays à opérationnaliser cette idée. En 1990, La création de choix, rapport du Groupe d’étude sur les femmes purgeant une peine fédérale, marque, à cet effet, un point déterminant en matière de philosophie et de traitement carcéral des femmes au Canada. Ayant pour objectif de déterminer si le modèle correctionnel préconisé pour les hommes est équitablement valable pour l’enfermement des femmes, ce groupe d’étude examine les problèmes systémiques entourant le traitement carcéral des femmes. L’innovation majeure de La création de choix consiste en l’élaboration de cinq principes directeurs qui constitueraient la base féministe d’un nouveau prototype de philosophie correctionnelle, et qui en guideraient le fonctionnement. Ces cinq principes ont en commun d’être tous centrés sur les femmes (women-centred). Ainsi, pour les femmes purgeant une peine fédérale au Canada, la « prison saine » se traduit par 1) le pouvoir de contrôler sa vie par l’accroissement de l’estime de soi et l’identification de ses forces personnelles, 2) l’offre de choix valables et responsables dans les programmes correctionnels et les ressources communautaires de manière à ce que ces derniers suivent logiquement les expériences passées, les cultures et les spiritualités des femmes incarcérées, 3) l’obligation, pour les autorités correctionnelles, de traiter les femmes avec respect & dignité, 4) l’offre d’un environnement de soutien (physique,  émotif,  financier,  spirituel,  psychologique) au sein même de la prison  et, enfin, 5) le partage de la responsabilité de la réintégration sociale des femmes entre les services correctionnels et la communauté comme parties interreliées de la société. La création de choix amorce ainsi une toute nouvelle reconfiguration de la relation entre l’État et la communauté de même qu’un modèle néolibéral de discipline pénale inédit.

Un des aspects les plus novateurs des recommandations de La création de choix s’avère la possibilité, pour certaines mères détenues, de vivre avec leur(s) enfants(s) au sein même de la prison. Certains pays occidentaux, tels que l’Allemagne, le Danemark et les États-Unis, adhèrent également à l’idée d’offrir des logements carcéraux pour les mères et leurs enfants dans certains de leurs établissements de détention. Les femmes d’origine autochtone ont également la possibilité, au Canada et en Australie, d’être logées dans des établissements carcéraux sensibles à leurs réalités culturelles (ex. cérémonies spirituelles, ateliers animés par des Aînés autochtones). Enfin, une stratégie en matière de santé mentale vise l’élaboration de services psychiatriques qui répondent aux besoins spécifiques des femmes incarcérées. L’implantation de La création de choix marqua la plus importante réforme à survenir au sein des services correctionnels canadiens. Le Canada fait, depuis, figure de pionnier sur le plan international.

Les travaux de Pat Carlen (1983, 1988),  Russell Dobash, R. Emerson Dobash & Sue Gutteridge (1986), Nicole Rafter (1985, 1992) ainsi que ceux de Ellen Adelberg & Claudia Currie (1987) ont été pionniers en matière d’enfermement des femmes. Ils ont tracé la voie à une accélération de l’intérêt pour la recherche sur la criminalité des femmes et leur contrôle social. En lien avec l’enfermement, la littérature récente fait état d’une diversification notable des problématiques connexes. Notamment, les travaux récents de de Kelly Hannah-Moffat (2001) traitent de la gouvernance pénale dans les prisons pour femmes. D’autres, s’intéressant davantage au vécu expérientiel des détenues, portent sur les femmes vieillissantes en prison (Azrini Wahidin, 2004), la pratique de l’isolement disciplinaire (Joane Martel, 2006) ou les expériences carcérales des femmes d’origine autochtone (Patricia Monture-Angus, 1999).  Enfin, d’autres travaux marquants traitent des difficultés inhérentes à la réintégration sociale après l’enfermement (Mary Eaton, 1993).

Février 2010

Références

  • Bertrand, Marie-Andrée avec la collaboration de Louise L. Biron, Concetta Di Pisa, Andrée B. Fagnan, Julia McLean (1998) Prisons pour femmes. Montréal : éditions du Méridien.
  • Cook, Sandy, Susanne Davies (eds) (1999) Harsh Punishment. International Experiences of Women’s Imprisonment. Boston: Northeastern University Press.
  • Eaton, Mary (1993) Women After Prison. Buckingham: Open University Press.
  • Frigon, Sylvie (2002) « Femmes et enfermement au Canada : Une décennie de réformes ». Criminologie, vol. 35(2).
  • Hannah-Moffat, Kelly (2001) Punishment in Disguise: Penal Governance and Federal Imprisonment of Women in Canada. Toronto: University of Toronto Press.
  • Howe, Adrian (1994) Punish and Critique. Towards a Feminist Analysis of Penality. London: Routledge.
  • Martel, Joane (2006) « Les femmes et l’isolement cellulaire au Canada: un défi de l’esprit sur la matière », Revue canadienne de criminologie et de justice pénale (numéro spécial: Droit, crime et pensée critique au Canada), vol. 48:5, pp. 781-801.
  • Rostaing, Corinne (1997) La relation carcérale. Identités et rapports sociaux dans les prisons de femmes. Coll. Le lien social. Paris : Presses universitaires de France.
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Démographie carcérale

 

En général, on parle indistinctement de démographie carcérale, de démographie pénitentiaire ou de démographie pénale. Il parait préférable d’utiliser le terme de démographie carcérale pour désigner l’étude des populations sous écrou, en réservant l’expression démographie pénitentiaire à l’étude du placement sous main de justice incluant milieu fermé et milieu ouvert. L’expression de démographie pénale a un sens beaucoup plus large. On parle parfois aussi de démographie criminelle. On peut inclure, dans ce concept, l’étude de toutes les populations qui ont à rendre compte devant la justice pénale au sens large du terme : personnes mises en cause par la police, personnes déférées devant le parquet, mises en examen, placées sous écrou,  détenues, condamnées, etc. (Tournier, 2007).

L’écrou (au Canada, l’admission) est l’acte juridique qui marque le fait qu’une personne est placée dans un établissement pénitentiaire, sous la responsabilité de son directeur,  à compter de telle date, sur la base de tel titre d’écrou, pour tel motif (infractions poursuivies ou sanctionnées). Il importe de distinguer l’écrou d’une personne libre, de l’écrou d’une personne transférée d’un autre établissement. Le placement sous écrou peut ne pas correspondre à une entrée en détention : il en est ainsi, en France, pour le placement ab initio d’un condamné sous surveillance électronique (PSE) ou à l’extérieur sans hébergement pénitentiaire. Dans ce cas la personne est sous écrou, mais non détenue.

La démographie carcérale étudie la dimension des populations carcérales, leurs structures pénales et socio-démographiques, leur évolution dans le temps, leur distribution dans l’espace. L’existence de ces populations est essentiellement régie par le mécanisme élémentaire suivant :

  • des individus sont écroués et entrent ainsi dans la population carcérale ;
  • des individus font l’objet d’une levée d’écrou, ils sont libérés et sortent ainsi de la population ;
  • un certain laps de temps s’écoule entre l’écrou et la levée d’écrou d’un même individu ; ce temps passé sous écrou, différent selon les individus, assure la coexistence, à tout moment, d’un nombre variable de personnes qui constituent précisément la population carcérale.

L’analyse démographique s’organise autour de l’approfondissement de ce mécanisme de renouvellement de la population ; on s’efforcera par exemple de déterminer les liens existant entre les modalités des processus d’écrou et de levée d’écrou (flux) et l’effectif (stock) de la population carcérale. On voit ici toute l’importance accordée par cette discipline à la distinction entre stock et flux.

Instrument d’étude de ces modes de renouvellement des populations, l’analyse démographique dispose de modèles élémentaires, fournissant des populations de référence, faciles à décrire, qui permettent par comparaison de juger certaines situations concrètes (Tournier, 2002).  Le modèle le plus simple est celui de la population stationnaire. Une population est dite stationnaire si les entrées annuelles dans la population (E) sont constantes et si les sorties de chaque génération – cohorte des individus entrés une même année - se font selon le même rythme, selon le même calendrier. On peut alors démontrer que l’effectif de la population, à un instant donné (P) est égal au produit du nombre des entrées annuelles (E) par la durée moyenne de séjour dans la population (d, exprimée en années) : P = E x d. Cette équation implique qu’une population stationnaire a un effectif constant. Quand on ne dispose pas de statistiques sur les durées de détention, individu par individu et donc de la moyenne exacte de ces durées, on peut avoir recours à ce que l’on a appelé l’indicateur de la durée moyenne de détention, obtenu en divisant l’effectif moyen de détenus sur une année (stock) par le nombre d’entrées de l’année (flux) : d = P / E.  Avoir cette équation sous les yeux « P = E x d », c’est se rappeler que l’on ne peut pas agir efficacement, en cas d’inflation carcérale, sans s’occuper de deux fronts : les entrées et les durées.

Aussi a-t-on été amené logiquement à construire une typologie des mesures et sanctions pénales alternatives à la privation de liberté qui s’en inspire. Est dit alternative de 1ère catégorie, toute mesure qui a pour conséquence de réduire le nombre d’entrées en détention. Il en est ainsi des peines d’emprisonnement avec sursis à exécution ou du travail d’intérêt général, quand la sanction est prononcée à l’encontre d’un prévenu libre. Ces alternatives peuvent être dites radicales. En évitant l’entrée en détention, elles permettent au prévenu ou au condamné d’échapper totalement à la détention, de ne pas connaître la prison.

Les alternatives de 2ème catégorie permettent de réduire la durée de la détention, ou plus précisément le temps passé sous écrou. C’est alors une mesure de moindre mal, elle est partielle ou  relative : le recours à la prison n’a pas pu être évité, mais on fait en sorte de réduire le temps passé sous écrou par tel ou tel moyen. Dans ce schéma, les réductions de peine pour bonne conduite ou pour gages sérieux de réadaptation sociale, les grâces, individuelles ou collectives, concernant des personnes détenues, sont des alternatives de 2ème  catégorie. Il en est de même de la libération conditionnelle : elle ne réduit pas le temps d’exécution de la peine, mais elle permet une libération anticipée – avec levée d’écrou -, le reliquat de la peine étant alors effectué en milieu ouvert. Ainsi la question de l’aménagement des peines apparaît bien comme partie intégrante de la problématique des alternatives à la privation de liberté.

Mais il existe aussi des mesures qui réduisent le temps réellement passé derrière les murs  sans levée d’écrou. C’est le cas, en France,  des permissions de sortir, de la semi-liberté, du placement à l’extérieur, mesures qui elles aussi sont, de fait, des mesures alternatives à la prison mais qui n’évitent pas la mise sous écrou  et ne réduisent pas la durée du temps passé sous écrou. C’est aussi parmi ces alternatives de 3ème catégorie  que l’on doit classer le placement sous surveillance électronique (PSE), dernier avatar de la prison du XXIe siècle.

Mais la démographie carcérale s’intéresse aussi à tous les événements judiciaires, administratifs, humains qui vont avoir une influence sur le temps passé sous écrou ou en détention, leurs conditions, leurs durées : condamnations, mesures d’aménagement des peines et des mesures, transfèrements, incidents, mesures disciplinaires, décès, etc. Contrairement à ce que l’on dit ou écrit si souvent, la prison n’est pas «le lieu de l’exécution des peines privatives  de liberté», du  moins pas seulement. Nombre de personnes mises en détention sont prévenues (non encore condamnées définitivement). Aussi bénéficient-elles de la présomption d’innocence. En dehors de toutes autres considérations qu’il conviendrait de prendre en compte,  le temps carcéral vécu par une personne en attente de jugement (de 1ère instance ou définitif) ne peut être de même nature que celui d’un détenu condamné, engagé, pour quelques mois ou des années, dans l’exécution de la peine dont il connaît la fin. Et cela même s’il peut espérer être libéré de façon anticipée… ou s’évader. C’est ce qui explique le fait que la question du temps carcéral  liée à celle de la catégorie pénale  soit au cœur de la démographie carcérale (Barré et Tournier, 1988).

Une variable essentielle, la catégorie pénale. A l’instant t, la population carcérale est constituée de prévenus et de condamnés. Est considéré comme condamné, tout détenu ayant fait l’objet d’une condamnation définitive : la personne doit avoir épuisé ses voies de recours (appel et pourvoi). Sont considérés comme prévenus, les détenus qui ne sont pas des condamnés définitifs. Ils peuvent être en attente d’un premier jugement ou avoir déjà été jugés en première instance. Si la personne est impliquée dans plusieurs affaires, son statut de condamné dans une affaire prime sur le statut de prévenu. La catégorie pénale est définie à un instant donné et peut, naturellement changer au cours de la détention ; c’est une caractéristique d’état. Ce concept de catégorie pénale à la date t doit être distingué de celui que l’on a été amené à introduire, la catégorie pénale chronologique qui n’a de sens que pour des détentions achevées (Barré, Le Toqueux, Tournier, 1982). Il s’agit d’attribuer un statut pénal à la détention en faisant référence à la catégorie pénale du détenu : prévenu et condamné. La détention sera ainsi décomposée en durée de détention provisoire et durée de détention en tant que condamné, un de ces facteurs pouvant naturellement être nul pour telle ou telle détention : écrou sur extrait de jugement (détention provisoire nulle),  libération en cours  d’instruction (détention en tant que condamné nulle). Cette décomposition fait nécessairement appel à des choix hiérarchisés en cas d’affaires multiples, lorsque plusieurs motifs d’écrou justifient un même temps de détention. Prenons un exemple.

Le 1er janvier 2005,  Victor D  est mis sous écrou sur mandat de dépôt pour viol (affaire I). Le 1er mars  2005 est mis à exécution  un extrait de jugement dans une autre affaire  (affaire II). Il s’agit d’une peine  d’un an d’emprisonnement ferme pour vol simple. Victor D. bénéficie d’un crédit de réduction de peine de 3 mois. Fin de peine prévue : 1er décembre 2005.  A cette date, il est maintenu en détention du fait du mandat de dépôt dans l’affaire I. Le 1er avril 2006, il  est  acquitté par la cour d’Assises dans l’affaire I. et libéré.  Entre le 1er mars et le 1er décembre (9 mois), le statut de condamné dans l’affaire II. prime sur celui de prévenu dans l’affaire I. La décomposition de cette détention d’un an et 3 mois selon la catégorie pénale dite chronologique est la suivante : détention en tant que prévenu = 6 mois (soit 40 %), détention en tant que condamné = 9 mois (soit 60 %).

Ce concept de catégorie pénale chronologique est à distinguer de celui de catégorie pénale à la date t. Prenons un second exemple.

Le 1er janvier 2005, Clara H est mise sous écrou sur mandat de dépôt pour vol avec violence et  conduite sans permis. Le 1er mars 2005, elle fait l’objet d’une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel. Le 1er juin 2005, le tribunal la condamne à dix-huit d’emprisonnement dont six mois avec sursis. Elle bénéficie d’un crédit de réduction de peine de 3 mois. Date de fin de peine prévue : 1er octobre 2005. A cette date, elle est libérée. La décomposition des 9 mois, faite a posteriori, est la suivante : détention en tant que prévenu = 5 mois (soit 56 %), détention en tant que condamné = 4 mois (soit 44%). On sait en fin de détention que Clara H. n’a pas fait appel de la décision du tribunal correctionnel. Donc a posteriori la condamnation est devenue définitive dès le 1er juin. Dans la réalité, Clara H. a eu le statut de prévenue pendant plus longtemps. Si en temps réel, on se pose la question de sa catégorie pénale dans les jours qui ont suivi le jugement du 1er juin, la réponse est « prévenu », car elle est encore dans les délais pour faire appel, voire pour se pourvoir en cassation.

Dans une recherche déjà ancienne (Barré, Tournier, 1988), portant sur un échantillon national d’entrants de 1983 suivis au maximum pendant 27 mois – le temps nécessaire pour que plus de 95 % des entrants aient été libérés - la décomposition de la détention était la suivante : détention en tant que prévenu = 50 %,  détention en tant que condamné = 50 %. Au 1er janvier 1983, la proportion de prévenus était de 51 % (France entière), soit deux fois plus qu’aujourd’hui. Pour des statistiques européennes, on consultera les rapports SPACE 1 (Aebi et Delgrande, 2010a) et SPACE 2 (Aebi et Delgrande, 2010b) produits par le Conseil de l’Europe.

Références

  • Aebi M., Delgrande N., 2010a, Annual penal statistics SPACE 1 Survey 2008, Strasbourg, Conseil de l’Europe, http://www.coe.int/t/f/affaires_juridiques/coop%E9ration_juridique/empri....
  • Aebi M., Delgrande N., 2010b, Annual penal statistics SPACE 2 Non-custodial sanctions and measures served in 2007, Strasbourg, Conseil de l’Europe, http://www.coe.int/t/f/affaires_juridiques/coop%E9ration_juridique/empri....
    Barré M-D., Tournier P. V., 1988, La mesure du temps carcéral, observation suivie d’une cohorte d’entrants, Déviance & Contrôle social, 48, Paris, Ministère de le Justice, CESDIP, 1988, 199 pages.
  • Barré M-D., Le Toqueux J-L., Tournier P. V., 1982,  Algorithme de détermination des durées au sens de la catégorie pénale chronologique, Concepts & Méthodes, 10, Paris, direction de l’administration pénitentiaire, 1982, 15 pages.
  • Tournier P. V., 2002, Contribution de la démographie carcérale au débat sur la question pénitentiaire, in Defaud N., Guiader V. (dir.), Discipliner les sciences sociales. Les usages sociaux des frontières scientifiques. Editions L’Harmattan,  Coll. Les Cahiers Politiques, Université Paris IX Dauphine, Centre de recherches et d’études politiques, 125-141.
  • Tournier P. V., Dictionnaire de démographie pénale. Des outils pour arpenter le champ pénal, Université Paris 1. Panthéon Sorbonne, Centre d’histoire sociale du XXe siècle, données actualisées au 1er mai 2007, 133 pages.http:// histoire-sociale.univ-paris1.fr/cherche/Tournier/ARPENTER-OUVRAGE.pdf
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Surpopulation des prisons

 

Le concept de surpopulation des prisons ou de surpopulation carcérale ne doit pas être confondu avec celui d’inflation carcérale (Conseil de l’Europe, 2000). Parler d’inflation carcérale, c’est constater que l’augmentation du nombre de personnes détenues à un instant donné  est « très importante » c’est-à-dire sans commune mesure avec l’augmentation du nombre d’habitants. Par exemple,  la France a connu, entre le 1er janvier 1975 et le 1er janvier 1995,  un accroissement de 98 % du nombre de détenus contre 10 % seulement pour le nombre d’habitants (métropole). Ainsi en 20 ans, le taux de personnes détenues, qui permet de raisonner à nombre d’habitants constant, est passé de 49 à 89 pour 100 000 habitants. Dans cette façon de voir les choses, on fait un constat sur l’ampleur de l’accroissement du taux de personnes détenues sans se poser, à ce niveau, de questions en terme de causalité (accroissement et transformation structurelle de la délinquance et de la criminalité ? sévérité accrue des juridictions de jugement ? etc.) et sans référence aux questions de capacité des établissements pénitentiaires. Le concept d’inflation carcérale n’a de sens qu’en référence à un intervalle de temps suffisamment long pour que les évolutions ne soient pas simplement conjoncturelles, à la différence du concept de surpopulation des établissements pénitentiaires qui se réfère, de prime abord, à la situation à une date t donnée.

L’expression  de  surpopulation a, dans le langage courant, deux sens assez différents : un sens général « il y a trop de détenus » sans que l’on précise sur quels critères on se base pour affirmer ce diagnostic, un sens plus précis qui se réfère à la capacité des établissements pénitentiaires. Dans ce second sens, il est question de l’inadéquation, à un instant t, entre le nombre de détenus et la capacité « d’accueil » dans les établissements pénitentiaires. La surpopulation est alors évaluée par deux indices définis infra la densité carcérale et le nombre de détenus en surnombre. Certes, il existe généralement des liens entre surpopulation et inflation carcérale, mais rien n’est simple. L’inflation accentue le problème de la sur-occupation des lieux de détention, faute de constructions suffisantes. Mais la sur-occupation ne peut-elle pas diminuer l’inflation, en mobilisant les pouvoirs publics dans le sens d’une diminution du recours à la prison ? La sous-occupation - obtenue par une politique de développement inconsidéré du parc pénitentiaire ne peut-elle pas favoriser l’inflation ? On sort ici des certitudes pour laisser place, compte tenu du manque de travaux en la matière à de pures hypothèses. Toujours est-il que distinguer les deux concepts permet au moins de poser les problèmes de leur lien.

La notion de capacité d’un établissement pénitentiaire (nombre de places opérationnelles à un instant t) est évidemment difficile à cerner. Ne suffit-il pas d’installer un matelas par terre pour qu’une cellule supposée individuelle devienne une cellule à deux places ? Dans une note datée du 3 mars 1988, l’administration pénitentiaire française a défini un mode de calcul de la capacité de chaque établissement en se référant uniquement à la superficie de la cellule individuelle ou collective ou du dortoir selon le barème suivant (Tournier, 2007) : superficie de « moins de 11 m2 »  = 1 place, « 11 à 14 m2  inclus » = 2 places, « 14 à 19 m2 inclus » = 3, « 19 à 24 m2 inclus » = 4, « 24 à 29 m2 inclus » = 5, « 29 à 34 m2  inclus » = 6, « 34 à 39 m2 inclus » = 7, « 39 à 44 m2  inclus »  = 8, « 44 à 49 m2  inclus »  = 9, « 49 à 54 m2 inclus » = 10, « 54 à 64 m2  inclus » = 12, « 64 à 74 m2  inclus » = 14, « 74 à 84 m2 inclus » = 16, « 84 à  94 m2 inclus » = 18, « plus de 94 m2 inclus» = 20 places.

Mais il est évident que la superficie nécessaire à chaque personne détenue pour que les conditions de détention soient acceptables va dépendre du temps que le détenu passe dans cet espace, et donc de l’organisation de la vie dans l’établissement, de l’ensemble de ses équipements (cours de promenade, ateliers, salles pour la formation, équipements sportifs, etc.) et des moyens en personnels des différentes catégories (surveillants, agents de probation, etc.) (Conseil de l’Europe, 2006).

Souvent appelé taux d’occupation - terme ambigu s’il en est car cela peut faire penser à un taux d’activité -, le concept de densité carcérale représente le nombre personnes détenues à la date t, rapporté à la capacité opérationnelle des établissements pénitentiaires.  Généralement exprimé pour 100, c’est un indice de stock. L’évaluation de la densité carcérale au niveau global d’un Etat n’a qu’un sens limité. Une situation globalement satisfaisante, si l’on peut dire (densité = 100), peut, en fait, recouvrir des situations explosives dans tel ou tel établissement masquées par l’existence d’établissements sous-utilisés (inadéquation du parc pénitentiaire aux besoins locaux). Regardons l’exemple d’école suivant :

 

Nombre de détenus

Nombre de places

Densité p. 100

Prison n°1

460

500

  92

Prison n°2

120

80

150

Prison n°3

500

450

111

Prison n°4

700

750

  93

Ensemble

1780

1 780

100

Le calcul de la densité moyenne, obtenue en faisant la moyenne arithmétique des densités par établissement, donne sur cet exemple, une densité de 111 pour 100. Le diagnostic est ainsi déjà moins optimiste que celui donné par la densité globale de  100 (calculée en rapportant le nombre total de détenus au nombre total de places).

Plus généralement, une densité globale inférieure ou égal à 100 et une densité supérieure strictement à 100  ne donnent pas lieu à des interprétations duales. Si la densité est strictement supérieure à 100, c’est qu’il y a au moins un établissement surpeuplé, voire plus. De toute évidence, la situation n’est pas satisfaisante. En revanche, si la densité globale est inférieure ou égale à 100, il se peut qu’il y ait des établissements surpeuplés. On ne peut pas alors se satisfaire de cette information. Il faut en savoir plus et descendre au niveau de chaque établissement.  Le second indice repose sur ce principe.

Le nombre de détenus en surnombre, sur un territoire donné, à un instant donné est un indice essentiel, et souvent mal compris, pour mesurer l’état de la surpopulation carcérale (Tournier, 2007)  Considérons deux établissements pénitentiaires A et B. A la date t, A dispose de 100 places opérationnelles et B de 150 places, soit un total de 250 places.

- 1er cas. A reçoit 120 détenus et B et 180 détenus. Globalement, il y a  300 détenus  pour  250 places, soit un écart de  50. Il y a 20 détenus en surnombre dans A et 30 détenus en surnombre dans B (20 + 30 = 50). Le nombre total de détenus en surnombre correspond bien à l’écart positif)  entre le nombre total de détenus et le nombre total de places.

- 2ème cas. A reçoit 80 détenus et B et 110 détenus.  Globalement, il y a  190 détenus  pour  250 places, soit un écart de  - 60. Il y a 20 places libres dans A et 40  places libres dans B (20 + 40 = 60). Le nombre total de places libres correspond bien à l’écart (négatif)  entre le nombre total de détenus et le nombre total de places.

- 3ème cas. A reçoit 80 détenus et B et 180 détenus. Globalement, il y a 260 détenus  pour  250 places, soit un écart de  + 10. C’est ce que l’on appelle la surpopulation apparente. En réalité, il y a 20 places libres dans A et 30 détenus en surnombre dans B. Soit un nombre global de détenus en surnombre de 30. L’écart, positif, entre le nombre total de détenus et le nombre total de places indique bien un état de surpopulation, mais ne mesure pas le nombre de détenus en surnombre.

Détenus en surnombre =  surpopulation apparente + nombre de places libres (30 = 10 + 20).

- 4ème cas. A reçoit 110 détenus et B 120 détenus. Globalement, il y a 230 détenus  pour  250 places, soit un écart de - 20 (sous-population apparente). En réalité, il y a 10 détenus en surnombre dans A et 30 places libres dans B Soit un nombre global de détenus en surnombre de 10. L’écart, négatif entre le nombre total de détenus et le nombre total de places indique simplement que tous les établissements ne sont pas surpeuplé.

Détenus en surnombre =  surpopulation apparente + nombre de places libres (10 = - 20 + 30).

Voici quelle est la situation de la population détenue en France au 1er avril 2010 (métropole et outre-mer). A cette date on compte 15 % de détenus en surnombre (essentiellement dans les maisons d’arrêt sensées  recevoir les prévenus et les « courtes peines ») :

 

Ensemble

Maisons d’arrêt

Établissements pour peine

Places opérationnelles

56 324

34 063

22 261

Détenus

61 706

41 640

20 066

Surpopulation apparente

5 382

7 577

- 2 195

Places inoccupées (1)

3 913

1 374

2 539

Détenus en surnombre

9 295

8 951

344

% de détenus en surnombre / détenus

15 %

21 %

1,7 %

(1) L’importance du nombre de places inoccupées est, en partie liée à la création de nouveaux établissements dont la mise en service prend un certain temps.

Pour des raisons liées aux problèmes de définition posés par la notion de place en prison et de la complexité des données nécessaires à un diagnostic correct, les comparaisons internationales, dans un tel domaine, ont nécessairement un intérêt limité. Dans la Statistique pénale annuelle du Conseil de l’Europe (SPACE) que nous avons mise en place au début des années 1980, on trouve ainsi la densité carcérale (globale)  de chaque  état.  En se limitant  à l’Union européenne, on recense au 1er septembre 2007, 572 000 places  pour 605 000 détenus soit une densité carcérale globale de 106 pour 100 places. Mais cette densité carcérale varie de 70 détenus pour 100 places en Lettonie à plus de 140 en Espagne : Lettonie (70,4 détenus pour 100 places), Slovaquie (77,9), Pays-Bas (80,8), Roumanie (84,5), Lituanie (86,5), Danemark (89,8), Estonie (90,8), Portugal (93,3), Luxembourg (95), Suède (97,5), Royaume-Uni (97,8), République tchèque (98,2), Finlande (101), Autriche (104) Italie (105), Bulgarie (105),  Slovénie (122), Irlande (132), Allemagne (97,1) Chypre (105), Pologne (118), Belgique (119), France (125), Hongrie (132),  Grèce (142), Espagne (143).

Références

  • Conseil de l’Europe, 2000, Le surpeuplement des prisons et l’inflation carcérale, recommandation N°R (99) 22, adoptée par le Comité des Ministres le 30 septembre 1999 et rapport élaboré avec l’assistance d’André Kuhn, Pierre V. Tournier et Roy Walmsley, coll. Références juridiques, 212 pages.
  • ---, 2006, Les règles pénitentiaires européennes, recommandation Rec (2006) 2, adoptée par le Comité des Ministres le 11 janvier 2006.
  • Tournier, 2007, Dictionnaire de démographie pénale. Des outils pour arpenter le champ pénal, Université Paris 1. Panthéon Sorbonne, Centre d’histoire sociale du XXe siècle, données actualisées au 1er mai 2007, 133 pages.
  • http:// histoire-sociale.univ-paris1.fr/cherche/Tournier/ARPENTER-OUVRAGE.pdf
  • ---,  2008.1, Loi pénitentiaire. Contexte et enjeux, Editions l’Harmattan, coll. Sciences criminelles – Controverses, janvier 2008, 114 pages.
  • ---,  2008.2, Quand nécessité fait loi. Alternatives à la détention : faire des mesures et sanctions privatives de liberté l’ultime recours ? Contribution au débat sur le projet de loi pénitentiaire, Université Aix-en-Provence Marseille 3, Colloques « Enjeux et perspectives de la loi pénitentiaire », 27 septembre 2008,  33 pages.
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Sous la direction de Benoît Dupont et Stéphane Leman-Langlois

Chaire de recherche du Canada en sécurité, identité et technologie: http://www.benoitdupont.net

Chaire de recherche du Canada en surveillance et construction sociale du risque: http://www.social-surveillance.com

CICC: http://www.cicc.umontreal.ca

ISBN: 978-2-922137-30-9