Viol
Publié par BD-SLL
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Terrorisme
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Définition
Bien que le terme soit galvaudé, il est tout de même possible de donner une définition du terrorisme qui, bien qu’elle ne soit pas utilisée exactement comme telle par tous les chercheurs, ressemble suffisamment aux multiples définitions courantes pour être généralisée. Il s’agit d’une définition restrictive qui porte sur les stratégies et les actes des terroristes et non sur l’identité ou la personnalité des individus, sur la nature de leurs revendications ou sur les lois applicables, qui seront des aspects éternellement litigieux. Elle comprend 4 éléments essentiels :
1. Violence ou menace de violence. Accepter comme « terrorisme » un acte purement intellectuel ou symbolique réduit notre capacité d’analyser le terrorisme en diluant la définition outre mesure. Une forme d’action physique, ou du moins une menace crédible d’une telle action, doit exister. Bien sûr, le seuil de gravité de cette violence reste subjectif.
2. Présence d’un motif politique. Pour qu’un acte soit un acte terroriste, il faut absolument que son auteur l’ait commis principalement pour déclencher, favoriser, empêcher ou punir une conduite institutionnelle gouvernementale, communautaire ou industrielle. Ceci exclut la vengeance individuelle, l’extorsion, les attaques racistes, toute la criminalité axée vers la production de profits matériels ou financiers et tout acte de violence commis pour assurer la continuité de ces activités.
3. Asymétrie. L’acteur terroriste se trouve dans une position d’extrême déséquilibre de pouvoir face à ses cibles principales. Bien que des États sponsorisent plusieurs individus et groupes s’adonnant à des activités terroristes, le contexte de l’action de chacun de ces groupes reste caractérisé par une asymétrie de pouvoir.
a. Premier corollaire : l’expression « terrorisme d’État », qui identifie un phénomène de première importance, renvoie donc à une forme d’activité, ou un phénomène, de nature différente du terrorisme proprement dit. Il s’agit généralement d’oppression et de répression politique commise par des agents de l’État pour le compte de l’État et avec sa permission explicite ou tacite de le faire (du point de vue de l’agent : cette permission n’est généralement pas du domaine public). On le voit, cette catégorie a historiquement fait plusieurs milliers de fois plus de victimes que le terrorisme ordinaire. Sa logique de fonctionnement est toutefois complètement différente.
b. Second corollaire : la notion d’asymétrie exclue également les activités de groupes de guérilla ou insurgés. Bien que leur puissance soit moindre que celle de l’État dans lequel ils sévissent, elle reste à peu près comparable, surtout dans les territoires qu’ils arrivent à contrôler. Il n’est pas rare que ces groupes commettent des actes de terrorisme, mais il faut éviter d’assimiler toutes leurs activités à du terrorisme.
4. A pour cible immédiate des civils non engagés dans un combat armé. Bien qu’on identifie souvent des troupes irrégulières lancées dans une attaque suicide ou clandestine contre des forces armées militaires ou policières comme « terroristes », il s’agit d’une mauvaise utilisation du terme. Le terrorisme a pour cible immédiate, ou directe (les victimes de violence) et indirecte (l’auditoire qu’on veut impressionner) la population civile dans son ensemble, ou du moins des sous-groupes non individualisés.
a. Premier corollaire : tout acte de terrorisme a pour but, entre autres, la communication. Il peut s’agir de la communication d’un message particulier (il est mal de tester des produits sur des animaux), d’un programme politique (le maoïsme est une organisation politique idéale), de supériorité morale, etc. L’acte terroriste vise surtout un auditoire et beaucoup moins ses victimes immédiates (même dans le cas d’actes particulièrement destructeurs, comme celui du 9/11)
b. Second corollaire : en général, les assassinats politiques ne sont pas des actes terroristes, à moins qu’ils ne fassent partie d’une campagne de violence politique.
Ces 4 éléments de définition restreignent un tant soi peu le champ du terrorisme mais restent très flous. Au-delà, le chercheur doit se pencher sur un phénomène plus précis que « le terrorisme » en général et définir plus spécifiquement le groupe, l’époque, le lieu et les activités qui l’intéressent. Ceci n’est pas particulièrement déstabilisant pour le criminologue, qui sait pertinemment que cette même difficulté de définition existe pour le mot « crime » ...ce qui ne l’empêche pas de faire des recherche sur les homicides conjugaux ou le vol de voitures organisé.
Enfin, un dernier aspect est à souligner, malgré le fait qu’il ne soit probablement pas souhaitable de l’inclure dans les éléments de définition ci-dessus, parce qu’il fait partie davantage du contexte que des actes à définir. Il s’agit du contexte socio-politique dans lequel le terrorisme se déploie. Nos conceptions, ainsi que nos définitions du terrorisme (pas seulement celle fournie ci-dessus) sont fortement influencées par le contexte dans lequel nous les avons formés, c’est-à-dire l’Occident des démocraties libérales modernes et pacifiées. La pertinence du concept s’évapore rapidement lorsqu’on le trempe dans le contexte d’États déchus (Somalie) ou aux prises avec une guerre civile, par exemple (Afghanistan, Irak, Sri Lanka). Ainsi, la comparaison de statistiques internationales du terrorisme doit être faite avec la plus grande prudence.
Historique
Bien qu’on puisse retrouver des actes s’apparentant au terrorisme dès l’époque de l’Empire romain, il est douteux qu’une telle généalogie soit réellement utile à celui qui tente de comprendre le phénomène dans sa forme contemporaine. Certains auteurs hésitent même à amalgamer la vague terroriste des années 1960 à celle qui prévaut aujourd’hui, à laquelle il se réfèrent sous le vocable de « nouveau terrorisme ». Cette position set extrême, mais il n’en reste pas moins que les comparaisons entre zélotes, nihilistes et ben ladenistes sont rarement éclairantes.
Par contre, il est non seulement utile mais nécessaire à toute bonne compréhension du phénomène terroriste de le replacer dans une chronologie historique afin de saisir un de ces aspects cruciaux : son évolution dans le temps. À ce chapitre, quelques aspects importants sont à noter. Premièrement, en termes du nombre d’attaques, c’est la décennie 1980 qui est la plus prolifique entre 1950 et 2010. Au Canada, c’est par un facteur de 5 à 10 fois plus pour chaque année. Ce phénomène est le même dans tous les pays occidentaux. Deuxièmement, il semble par contre qu’en moyenne, les attaques aient été plus meurtrières depuis les années 1990. Alors que les terroristes des années 1980 posaient des bombes souvent à portée symbolique, à l’occasion téléphonant à l’avance pour faire évacuer les lieux, ou encore procédaient à des détournements d’avion ou à des attaques à l’arme légère, une série d’attentats très meurtriers a débuté à la mi-1990. C’est le « nouveau terrorisme » que certains auteurs ont cru identifier : plus spectaculaire, moins scrupuleux et plus souvent couronné de succès car souvent commis par des individus prêts à se sacrifier pour la cause.
Types de terrorisme
La littérature fait souvent état de « types de terrorisme » mais les typologies peuvent être organisées sous différents critères. Il est possible de distinguer entre terroristes selon la nature de leur but : certains ont des objectifs très spécifiques, comme la protection des animaux, alors que d’autres désirent réformer l’ensemble de la structure politique et économique d’une société. D’autres encore visent la sécession politique d’un territoire associé à un groupe nationale. On peut également distinguer les terroristes selon leur forme d’organisation, des individus aux groupes établis et centralisés, en passant par les structures cellulaires et les réseaux décentralisés. On peut choisir de différencier les niveaux de violence utilisés, selon qu’il s’agisse de destruction de propriété, d’attentats dirigés ou de meurtres de masse. Il est également possible de faire une typologie des méthodes utilisées, qui tendent à une certaine uniformité pour un groupe donné : l’utilisation de bombes traditionnelles (laissées sur place ou envoyées), l’utilisation de bombes livrées par des agents sacrifiés (terrorisme suicide), d’armes légères, de produits toxiques et d’armes à dispersion large (chimique ou bactériologique), etc. Enfin, certains auteurs (Leman-Langlois et Brodeur, 2010) ont également proposé une typologie matricielle fondée sur la chronologie de la justification explicite proposée par les terroristes pour leurs actions et sur l’ampleur du changement qu’ils désirent provoquer.
Succès et échecs
Il est souvent question des résultats du terrorisme, pour plusieurs raisons. Premièrement, d’un point de vue rationnel il semble fondamental que le terrorisme fonctionne de temps à autre sinon son l’adoption serait une stratégie perdante avec aucun exemple de succès auquel s’accrocher. D’une manière ou d’une autre, si le terroriste décide d’avoir recours à la violence pour entraîner un processus politique, il doit avoir de bonnes raisons de croire que ses efforts porteront fruit. Deuxièmement, du point de vue de la sécurité du public et des États, la probabilité que des terroristes réussissent à déstabiliser l’État en s’attaquant à ses institutions, la société civile en décimant la population ou la structure économique du pays en paralysant ses infrastructures est bien sûr d’un intérêt particulier. Prenons les trois aspects à tour de rôle.
Déstabiliser un État occidental est non seulement peu probable, mais il n’existe en fait aucun exemple de succès terroriste à cette échelle. Même le Royaume-Uni, au plus fort de la crise de la PIRA, ne risqua jamais d’être déstabilisé; les institutions de l’État restèrent toujours fonctionnelles — bien qu’ayant dû être quelque peu adaptées aux circonstances. Bien sûr, il existe tout de même des exemples de succès : les terroristes sionistes de l’Irgun, par exemple, parvinrent à chasser l’administration britannique de Palestine pour y instaurer Israël, entre autres en faisant exploser le quartier général de la force d’occupation à l’hôtel King David en 1946 (91 morts).
Il y a d’autres formes de « succès » à considérer, surtout si on tient compte de la multiplicité usuelle des objectifs du terroriste moyen. Renverser un régime peut en faire partie, mais d’autres buts s’y marient presque toujours : faire parler de soi, se venger, infliger des pertes à l’occupant, etc. Ainsi, certaines attaques suicides tiennent d’une rationalité différentes et visent surtout à faire du mal à l’ennemi. Ainsi, plusieurs formes de terrorisme s’attaquent directement à la société civile ou à certains de ses composantes ethniques, sociales ou économiques qui sont vues comme responsables d’un tort ou inactives devant une catastrophe qu’elles pourraient soulager. Prendre le citoyen moyen comme cible sert également à tenter de le pousser à faire pression sur ses institutions pour que les désirs du terroriste soient pris en compte. Au total, le bilan est hautement mitigé : tous les actes terroristes qui n’ont d’autre but que d’affecter leur cible immédiate sont toujours des « succès », puisqu’ils n’ont pas de but extérieur. Cependant, ceux qui espèrent mobiliser une population en la prenant pour cible n’ont aucun exemple de succès à offrir. Ou plutôt, lorsque les populations se mobilisent, c’est plutôt contre les terroristes. On doit conclure ce paragraphe par un mot sur l’idée que la mobilisation anti-terroriste puisse justement être le but du terroriste : en demandant et en obtenant un durcissement exagéré des mesures de sécurité, le public se placerait en position de victoire pyrrhique puisque ce durcissement aurait pour résultat la destruction du mode de vie qu’il était censé protéger. Les terroristes se frotteraient donc les mains de satisfaction à la vue des libertés perdues dans les pays occidentaux. Cet argument nous semble difficile à soutenir. D’une part, il procède essentiellement d’une série de déductions subjectives de la part d’observateurs distants. D’autre part, il semble facétieux d’affirmer que le but d’Ossama ben Laden était que les Occidentaux « perdent de leurs libertés », surtout si c’est en se protégeant mieux contre ses attaques. Enfin, c’est le genre d’argument qui parvient à faire de tout résultat un succès : les terroristes réussiront toujours à quelque chose, ce qui est peu utile à l’analyse.
Enfin, la préoccupation de l’heure porte sur la sécurité des infrastructures. Les infrastructures de transport public (aviation, transport ferroviaire, autobus, navires) sont bien sûr des cibles de choix depuis des décennies. Cependant, les autres types d’infrastructure (eau potable, électricité, produits chimiques de base, télécommunications, réseaux financiers, production et distribution de nourriture) ont jusqu’ici très peu été attaqués. Le foyer d’attention est surtout la capacité appréhendée d’effectuer des attaques à partir d’ordinateurs lointains qui parviendraient à paralyser un réseau électrique ou informatique — un « cyberterrorisme » qui jusqu’ici reste surtout limité à des attaques de déni de service (DDoS) contre des sites Internet gouvernementaux ou privés, avec des dégâts mineurs.
Avril 2010
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