Skip to main content

Développement de l'agressivité physique depuis la jeune enfance jusqu'à l'âge adulte

Auteur: 
Tremblay, Richard

Introduction: Les croyances traditionnelles

  1. La violence physique chez les adolescents et les jeunes adultes suscite de vives préoccupations dans toutes les sociétés modernes. En effet, le risque d'être arrêté et trouvé coupable d'un acte criminel est plus élevé à la fin de l'adolescence et au début de l'âge adulte qu'à tout autre moment de la vie. Au cours des 40 dernières années, des centaines d'études ont tenté de mieux comprendre comment des enfants enjoués deviennent de jeunes délinquants violents. La liste des facteurs associés à la délinquance juvénile violente comprend la surveillance inadéquate des enfants de la part des parents, la dislocation de la famille, l'influence négative des pairs et la pauvreté (McCord et al., 2001; Lipsey et Derzon, 1998).
  2. La majorité des personnes arrêtées pour crime violent sont de sexe masculin.
  3. L’explication principale des comportements violents a longtemps été la suivante : « les comportements agressifs et violents sont des réponses apprises par la frustration, ils peuvent aussi être appris en tant qu’instruments destinés à atteindre des buts, et l’apprentissage se produit en observant des modèles de ce type de comportement. Ces modèles peuvent être observés dans la famille, chez les pairs, ailleurs dans le quartier, dans les médias de masse, ou dans la pornographie violente » (Reiss et Roth, 1993).

Le problème des croyances traditionnelles

Si l'agressivité physique est apprise en observant les modèles au sein des familles, dans les quartiers et chez les pairs, on peut poser les questions suivantes :

  1. Quand est-ce que cet apprentissage commence?
  2. La fréquence des actes d'agressivité physique augmente-t-elle à la suite de l'exposition à des modèles de comportement agressif?
  3. Quand et comment peut-on prévenir le développement de l'agressivité physique?

Résultats des études récentes

a) La recherche à l’école primaire

Jusqu’à tout récemment, la plupart des études sur les comportements agressifs ont été centrées sur les adolescents et sur les adultes. Une minorité d'études longitudinales réalisées à partir de grands échantillons d'enfants en âge de fréquenter l'école primaire constitue une grande source d'information sur le développement de l'agressivité physique (Tremblay, 2000; Tremblay et Nagin, 2005). Un résultat significatif et inattendu de ces études longitudinales est le fait que chez la vaste majorité des enfants, la fréquence des agressions physiques diminue entre le moment où ils commencent l'école et celui où ils terminent l'école secondaire. Le phénomène se présente autant chez les filles que chez les garçons, bien que les fréquences des agressions physiques étaient systématiquement plus faibles chez les filles. Ce phénomène a été observé dans les années 1980 et 1990 au Canada, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis où le taux d’homicides était en augmentation (Cairns et al., 1989; Broidy et al., 2003; Nagin et Tremblay, 1999).

Cette diminution de la fréquence des actes d'agressivité physique avec l'âge était inattendue du point de vue de la théorie de l'apprentissage social de l’agression, puisqu'en vieillissant les enfants étaient exposés à un nombre toujours croissant de modèles d'agressivité physique. Des études longitudinales ont également montré qu'il est fort peu probable qu'un adolescent qui n'a pas été très agressif physiquement par le passé se mette tout à coup à présenter de sérieux problèmes d'agressivité physique (Broidy et al., 2003; Nagin et Tremblay, 1999; Brame et al., 2001; Barker et al., 2007; Loeber et al., 2005).

Ces découvertes nous amènent évidemment à nous poser une autre question : si la plupart des enfants atteignent leur fréquence la plus élevée d’agressions physiques lorsqu'ils commencent à aller à école, quand est-ce que les enfants apprennent à agresser d'autres personnes physiquement? Jusqu’à présent, peu de chercheurs se sont penchés plus particulièrement sur l'agressivité physique avant l'arrivée à l'école, sans doute pour trois bonnes raisons : (1) les conséquences des agressions physiques perpétrées par un adolescent de 18 ans sont généralement plus dramatiques que les agressions physiques perpétrées par un trottineur de 3 ans; (2) la théorie de l'apprentissage social de l'agression nous a amenés à croire que les enfants apprennent à agresser pendant leurs années à l'école parce qu'ils sont plus exposés aux modèles d'agression que les enfants d'âge préscolaire; (3) il est plus facile pour les chercheurs d'observer et d'interviewer les enfants d'âge scolaire.

b) La recherche durant la petite enfance

Au cours des dix dernières années, quelques études longitudinales qui ont permis de suivre les enfants depuis la naissance ont renversé notre opinion du développement de l’agressivité physique. Ces études montrent que si les enfants apprennent effectivement à agresser physiquement en observant des modèles, l'apprentissage se fait sans doute en majeure partie entre les 18 et 24 premiers mois après la naissance. En fait, la plupart des mères ont dit que leurs enfants avaient recouru à une forme ou à une autre d'agression physique quand ils avaient cet âge (Tremblay et al., 1999; Alink et al., 2006). Ceci dit, il y a des différences importantes quant à la fréquence des agressions physiques chez les petits enfants et chez les trottineurs (Côté et al., 2006; Liben et Bigler, 2002; Tremblay et al., 2004). Ces études montrent qu’une majorité d’enfants ont occasionnellement recours à l’agressivité physique, qu’une minorité y a recours beaucoup moins souvent que la majorité, et qu’une autre minorité utilise cette agressivité beaucoup plus souvent que la majorité. Beaucoup d’enfants d’âge préscolaire sont orientés vers des cliniques pour des problèmes de comportement, principalement parce qu’ils manifestent des comportements d’agressivité physique (Keenan et Wakschlag, 2000).

Les données disponibles sur le développement de l'agressivité physique pendant les années préscolaires indiquent que la fréquence des actes d'agression physique augmente chez la plupart des enfants pendant les 30 à 42 premiers mois après la naissance pour diminuer de manière constante par la suite (Côté et al., 2006; Liben et Bigler, 2002; Tremblay et al., 2004). Moins de filles que de garçons atteignent les niveaux de fréquence les plus élevés, et les filles ont tendance à réduire la fréquence de leurs actes d'agression plus tôt dans la vie (Côté, 2007).

Par ailleurs, les études longitudinales qui se poursuivent jusqu’à l’adolescence montrent que la période préscolaire est une période charnière pour ce qui est de l'apprentissage de la régulation de l'agression physique. En effet, la minorité des enfants à l'école primaire (de 5 % à 10 %) qui continuent à manifester des niveaux élevés d'agression physique présentent le risque le plus élevé de se livrer à des comportements de violence physique pendant l'adolescence (Broidy et al., 2003; Nagin et Tremblay, 1999).

Il est intéressant de noter que la fréquence des agressions physiques diminue à partir de la troisième ou la quatrième année après la naissance, alors que la fréquence des gestes d'agressivité indirects (propos désobligeants à l’insu de la personne visée) augmente de façon importante entre quatre et sept ans et que les filles ont tendance à user de cette forme d'agressivité plus souvent que les garçons (Côté et al., 2007).

Les principaux facteurs de risque qui font que les femmes peuvent avoir des enfants qui éprouvent de graves problèmes d’agressivité sont les suivants : un faible niveau d’études, une histoire de problèmes de comportement, une première grossesse à un jeune âge, la consommation de tabac pendant la grossesse et de faibles revenus (Côté et al., 2006; Liben et Bigler, 2002; Tremblay et al., 2004; Nagin et Tremblay, 2001; Keenan et Shaw, 1994). Les résultats d'une étude récente sur un important échantillon de jumeaux semblent également indiquer qu'il y a une dimension génétique dans les différences individuelles quant à la fréquence des agressions physiques à l'âge de 19 mois (Dionne et al., 2003).

Conclusions

Contrairement aux croyances traditionnelles, les enfants n'ont pas besoin d'observer des modèles d'agression physique pour commencer à user de ce genre de comportement. En 1972, Donald Hebb a fait remarquer que les enfants n'ont pas besoin d'apprendre à faire une crise de colère (Hebb, 1972). Dans son livre de 1979 sur le développement social, Robert Cairns a rappelé à ceux qui étudient le développement humain que les animaux agressifs étaient dans la plupart des cas ceux qui ont été isolés dès la naissance (Cains, 1979). Les petits enfants semblent spontanément recourir à l'agression physique pour atteindre leurs objectifs quand ils sont fâchés. À la suite des travaux novateurs de Charles Darwin, Michael Lewis et ses collègues ont montré qu'on observe des réactions de colère dès l'âge de 2 mois (Lewis et al., 1990; Lewis et al., 1992). Aussi les enfants semblent-ils spontanément jouer à se battre (Peterson et Flanders, 2005). Ainsi, plutôt que d'apprendre à recourir à l'agression physique par l’intermédiaire de leur environnement les enfants apprennent à ne pas recourir à l'agression physique grâce à divers types d’interactions avec leur environnement.

Les études sur le développement de l'agressivité pendant les années préscolaires n'ont pas encore élucidé de manière adéquate les mécanismes qui expliqueraient :

  1. pourquoi certains petits enfants sont plus physiquement agressifs que d'autres;
  2. pourquoi certains se livrent très peu à des formes d'agression physique;
  3. pourquoi les petites filles tendent à se livrer moins souvent à des formes d'agression physique que les petits garçons;
  4. pourquoi la plupart des enfants apprennent à réguler leurs comportements d’agressivité physique avant de commencer à aller à l'école;
  5. pourquoi certains enfants ne l'apprennent pas;
  6. pourquoi certains enfants commencent à se livrer à des formes d'agression indirecte;
  7. pourquoi les filles se livrent davantage à des formes d'agression indirecte que les garçons;
  8. dans quelle mesure le recours à l'agression indirecte réduit l'agressivité physique;
  9. ce qu'on peut faire pour aider les enfants d'âge préscolaire qui éprouvent des difficultés à apprendre à contrôler leur tendance à devenir plus physiquement agressifs.

Implications pour la prestation de services et pour l'élaboration des politiques

Les études précitées ont deux implications importantes pour la prévention de l'agression physique. Il y a d'abord le fait que la plupart des enfants acquièrent d'autres moyens d'expression que l'agression physique pendant leurs années préscolaires. Par conséquent, cette période de l'enfance est sans doute la plus favorable aux interventions visant à aider les enfants qui risquent de devenir des agresseurs physiques chroniques à apprendre à réguler leur comportement. Le soutien intensif destiné aux familles à risques élevés, qui commence pendant la grossesse, devrait avoir des effets à long terme (Côté et al., 2007; Olds et al., 1998; Schweinhart et Xiang, 2003). Ensuite, comme la plupart des êtres humains ont eu recours à une forme ou à une autre d'agression physique pendant leur jeune enfance, la plupart courent probablement le risque d'y recourir de nouveau s'ils se trouvent dans une situation qui ne semble offrir aucune autre solution satisfaisante. Ceci expliquerait pourquoi tant de crimes violents sont commis par des gens qui n'ont pas d'antécédents d'agression physique chronique, et pourquoi tant de conflits entre familles, groupes ethniques ou religieux, classes socio-économiques et nations conduisent à l'agression physique.

Les politiques qui favorisent une éducation de qualité pendant la jeune enfance devraient réduire l'incidence des cas de violence chronique de même que le niveau général d'agression physique au sein de la population. Mais il faut aussi des politiques qui cherchent à maintenir des environnements empreints de paix partout dans la société pour empêcher que des réactions agressives primitives ne percent la mince couche de civilité que nous acquérons en vieillissant.

Note

Cette entrée a été initialement publiée dans : Tremblay RE, Barr RG, Peters RDeV, Boivin M, eds. Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants [sur Internet]. Montréal, Québec: Centre d’excellence pour le développement des jeunes enfants; 2008:1-7. Disponible sur le site: http://www.enfant-encyclopedie.com. Reproduite avec l'autorisation de l'auteur.

Références

  • Alink LRA, Mesman J, Van Zeijil J, Stolk MN, Juffer F, Koot HM, Bakermans-Kranenburg MJ, Van IJzendoorn MH. The early childhood aggression curve: Development of physical aggression in 10-to50-month-old children. Child Development 2006;77(4):954-966.
  • Barker ED, Séguin JR, White HR, Bates M, Lacourse E, Carbonneau R, Tremblay RE. Developmental trajectories of male physical violence and theft: Relations to neurocognitive performance. Archives of General Psychiatry 2007; 64(5):592-599.
  • Brame B, Nagin DS, Tremblay RE. Developmental trajectories of physical aggression from school entry to late adolescence. Journal of Child Psychology and Psychiatry and Allied Disciplines 2001;42(4):503-512.
  • Broidy LM, Nagin DS, Tremblay RE, Brame B, Dodge K, Fergusson D, Horwood J, Loeber R, Laird R, Lynam D, Moffitt T, Bates JE, Pettit GS, Vitaro F. Developmental trajectories of childhood disruptive behaviors and adolescent delinquency: a six-site, cross-national study. Developmental Psychology 2003;39(2):222-245.
  • Cairns RB, Cairns BD, Neckerman HJ, Ferguson LL, Gariépy JL. Growth and aggression, I: childhood to early adolescence. Developmental Psychology 1989;25(2):320-330.
  • Côté SM. Sex differences in physical and indirect aggression: A developmental perspective. European Journal of Criminal Policy and Research 2007;13(3-4):183-200.
  • Côté SM, Boivin M, Daniel DS, Japel C, Xu Q, Zoccolillo M, Junger M, Tremblay RE. The role of maternal education and nonmaternal care services in the prevention of children's physical aggression problems. Archives of General Psychiatry 2007;64(11):1305-1312.
  • Côté S, Vaillancourt T, Leblanc JC, Nagin DS, Tremblay RE. The development of physical aggression from toddlerhood to pre-adolescence: A nation wide longitudinal study of Canadian children. Journal of Abnormal Child Psychology 2006 ;34(1) :68-82.
  • Côté SM, Vaillancourt T, Barker ED, Nagin DS, Tremblay RE. The joint development of physical and indirect aggression: Predictors of continuity and change during childhood. Developmental Psychopathology 2007;19(1):37-55.
  • Dionne G, Tremblay RE, Boivin M, Laplante D, Pérusse D. Physical aggression and expressive vocabulary in 19 month-old twins. Developmental Psychology 2003;39(2):261-273
  • Hebb DO. A textbook of psychology. 3rd ed. Philadelphia, PA: Saunders; 1972.
  • Cairns RB. Social development: the origins and plasticity of interchanges. San Francisco, CA: WH Freeman & Co; 1979.
  • Keenan K, Shaw DS. The development of aggression in toddlers: a study of low-income families. Journal of Abnormal Child Psychology 1994;22(1):53-77.
  • Keenan K, Wakschlag LS. More than the terrible twos: The nature and severity of behavior problems in clinic-referred preschool children. Journal of Abnormal Child Psychology 2000;28(1):33-46.
  • Lewis M, Alessandri SM, Sullivan MW. Violation of expectancy, loss of control, and anger expressions in young infants. Developmental Psychology 1990;26(5):745-751.
  • Lewis M, Sullivan MW, Ramsay DS, Alessandri SM. Individual differences in anger and sad expressions during extinction: antecedents and consequences. Infant Behavior and Development 1992;15(4):443-452.
  • Liben L, Bigler R, eds. The developmental course of gender differentiation: conceptuality, measuring and evaluating constructs and pathways. Malden, Mass : Blackwell Publishing; 2002. Monographs of the Society for Research in Child Development.
  • Lipsey MW, Derzon JH. Predictors of violent or serious delinquency in adolescence and early adulthood: a synthesis of longitudinal research. In: Loeber R, Farrington DP, eds. Serious and violent juvenile offenders: risk factors and successful interventions. Thousand Oaks, CA: Sage Publications; 1998:86-105.
  • Loeber R, Lacourse E, Homish DL. Homicide, Violence and Developmental Trajectories. In Tremblay RE, Hartup WW, Archer J, eds. Developmental origins of aggression. New York, NY : Guilford Press; 2005:202-219.
  • McCord J, Widom CS, Crowell NA, eds. Juvenile crime, juvenile justice. Washington, DC: National Academy Press; 2001.
  • Nagin D, Tremblay RE. Trajectories of boys' physical aggression, opposition, and hyperactivity on the path to physically violent and nonviolent juvenile delinquency. Child Development 1999;70(5):1181-1196.
  • Nagin DS, Tremblay RE. Parental and early childhood predictors of persistent physical aggression in boys from kindergarten to high school. Archives of General Psychiatry 2001;58(4):389-394.
  • Peterson JB, Flanders JF. Play and the regulation of aggression. In Tremblay RE, Hartup WW, Archer J, eds. Developmental origins of aggression. New York, NY : Guilford Press; 2005:133-157.
  • Olds D, Henderson CR, Cole R, Eckenrode J, Kitzman H, Luckey D, Pettitt L, Sidora K, Morris P, Powers J. Long-term effects of nurse home visitation on children's criminal and antisocial behavior: Fifteen-year follow-up of a randomized controlled trial. JAMA-Journal of the American Medical Association 1998;280(14):1238-1244.
  • Reiss AJ Jr, Roth JA, eds. National Research Council (U.S.). Panel on the Understanding and Control of Violent Behavior. Understanding and preventing violence. Vol 1. Washington, DC: National Academy Press; 1993:7.
  • Schweinhart L, Xiang Z. Evidence that the High/Scope Perry Preschool Program prevents adult crime. Paper presented at: The 2003 American Society of Criminology Conference. November, 2003; Denver, CO.
  • Tremblay RE. The development of aggressive behaviour during childhood: what have we learned in the past century? International Journal of Behavioral Development 2000;24(2):129-141.
  • Tremblay RE, Japel C, Pérusse D, McDuff P, Boivin M, Zoccolillo M, Montplaisir J. The search for the age of “onset” of physical aggression: Rousseau and Bandura revisited. Criminal Behavior and Mental Health 1999;9(1):8-23.
  • Tremblay RE, Nagin DS, Séguin JR, Zoccolillo M, Zelazo PD, Boivin M, Pérusse D, Japel C. Physical aggression during early childhood: Trajectories and predictors. Pediatrics 2004;114(1):e43-e50.
  • Tremblay RE, Nagin DS. The Developmental Origins of Physical Aggression in Humans. In Tremblay RE, Hartup WW, Archer J, eds. Developmental origins of aggression. New York, NY : Guilford Press; 2005:84-106.
Mots-clés: 
Mots-clés: 
Mots-clés: 
Mots-clés: 
Mots-clés: 
Mots-clés: 
Mots-clés: 

Sous la direction de Benoît Dupont et Stéphane Leman-Langlois

Chaire de recherche du Canada en sécurité, identité et technologie: http://www.benoitdupont.net

Chaire de recherche du Canada en surveillance et construction sociale du risque: http://www.social-surveillance.com

CICC: http://www.cicc.umontreal.ca

ISBN: 978-2-922137-30-9