Skip to main content

Choix rationnel et pensée stratégique

Auteur: 
Cusson, Maurice

1. La théorie du choix rationnel
L’idée que l’acte criminel puisse être intentionnel se perd dans la nuit des temps. Dans la criminologie contemporaine, elle s’affirme en rupture avec le positivisme qui s’était donné pour objet central le penchant pour le crime.

Origines. C’est aux philosophes des Lumières, notamment à Montesquieu (1748), Beccaria (1764) et Bentham (1802), que nous devons la première théorie explicite du choix rationnel. Aucun de ces trois auteurs ne s’était attardé à la psychologie du délinquant pour la simple raison qu’ils ne voyaient pas de différence entre les délinquants et les non-délinquants. Ils pensaient que l’être humain, délinquant compris, est, selon les termes de Bentham, placé sous l’empire du plaisir et de la douleur. Ils étaient cependant plus préoccupés par la rationalité des gouvernants. Ceux-ci, au nom du plus grand bonheur pour le plus grand nombre, devraient mener une politique criminelle rationnelle. Les législateurs auraient donc pour mission d’édicter des lois qui sanctionneraient les délits de manière certaine, modérée et proportionnée. Un tel régime pénal conduirait, pensaient-ils, les individus tentés par le crime à calculer qu’ils n’y ont aucun intérêt.

Cette conception de la délinquance et de la réaction sociale fut éclipsée durant le XIXe siècle et une bonne partie du XXe siècle par les positivistes et leurs successeurs selon qui la grande question était celle du penchant au crime. Pendant longtemps, la personnalité criminelle apparut aux yeux de nombreux criminologues comme la grande affaire. Le criminel était conçu comme un être trop impulsif et trop troublé pour être vraiment rationnel. La rupture intervient entre 1975 et 1985. C’est alors qu’ont été publiés des deux côtés de l’Atlantique, et souvent de manière indépendante, une série de travaux adoptant l’approche du choix rationnel. Au Royaume-Uni, l’équipe de recherches du Home office dirigée par Ron Clarke publie « Crime as Opportunity » (Mayhew et al. 1976), petit ouvrage qui, tout en insistant sur la notion d’occasion, lance l’idée de la prévention situationnelle. En 1979, un article de Cohen et Felson deviendra vite célèbre : « Social Change and Crime Rate Trends ». Suivent les ouvrages des Brantingham (1981 et 1984) sur les patterns criminels et sur la criminologie environnementale ainsi que le livre de Cusson (1981) qui présente une analyse stratégique de la délinquance. Dès cette époque, Clarke réussit l’articulation entre la théorie du choix rationnel et la prévention situationnelle (Clarke 1980 ; 1983 ; Cornish et Clarke eds. 1986). Si le délinquant est minimalement rationnel, il cherchera à s’adapter aux situations ; il profitera des opportunités qui s’offrent à lui, et il reculera devant les difficultés et les risques. La stratégie préventive qui en découle consiste alors à modifier les situations de manière à réduire les gains des délinquants et à augmenter leurs difficultés ainsi que leurs risques. Parallèlement, quelques économistes examinent la question criminelle avec les catégories de l’analyse économique laquelle, on le sait, repose sur le modèle d’un « homo oeconomicus » rationnel qui répond aux incitations et cherche à maximiser ses satisfactions. Les délits, les crimes et la réaction sociale sont alors expliqués en termes de gains, de marché, de prix, de coûts, de bénéfices, d’opportunités et de dissuasion (Becker 1968 ; Ehrlich 1979 ; Cook 1986).

Le crime plutôt que le criminel. C’est l’acte délinquant et non le délinquant que la théorie se propose d’expliquer en termes de choix rationnel. Cette théorie n’est pas conçue pour rendre compte d’une quelconque prédisposition au crime enracinée dans la personnalité du criminel ni des différences entre délinquant et non-délinquants ni des facteurs de risque de la délinquance persistante. La théorie du choix rationnel focalise sur le crime en tant qu’acte en situation.

Rationnel ou intentionnel ? La théorie du choix rationnel pose que le délinquant, sa victime et les acteurs du contrôle social, sont raisonnables : capables de peser le pour et le contre, d’estimer les coûts et les gains, de choisir le moyen qui présente des chances raisonnables d’atteindre le but visé. Il ne s’agit pas de soutenir que les délinquants réfléchissent longuement, qu’ils calculent soigneusement de leurs coûts et leurs gains ou qu’ils planifient leurs opérations. Cela arrive, mais nous savons que la plupart des délinquants agissent impulsivement ; qu’ils sautent sur les occasions ; qu’ils réagissent au quart de tour à la provocation ; qu’ils se laissent emporter par la colère ou par la jalousie. Et il est vrai que, dans les échantillons représentatifs de délinquants, les psychologues ont constaté des quotients intellectuels légèrement inférieurs aux moyennes trouvées dans les populations normales.
Les limitations de la rationalité des délinquants sont donc indiscutables, mais cela vaut pour nous tous. Simon (1957) a établi que la rationalité des acteurs sociaux et économiques est limitée. Ceux-ci se contentent d’une option satisfaisante et non optimale ; d’une information incomplète ; et ils ne cherchent pas vraiment à maximiser, comme le pensaient les économistes classiques. C’est pourquoi peut-être faudrait-il préférer l’expression action intentionnelle à choix rationnel. C’est ce que pensait von Mises (1966: 13-22): l’action humaine est intentionnelle ; agir c’est tendre vers un objectif ; c’est choisir, c’est-à-dire préférer une chose à une autre. L’homme agit pour atteindre un état plus satisfaisant que celui dans lequel il se trouve.

Raisons. C’est en cherchant les raisons d’un acte qu’on l’explique. L’acteur social qui adopte une ligne d’action le fait parce qu’il a de bonnes raisons d’agir ainsi. Les individus croient et agissent de telle ou telle manière parce qu’ils ont des raisons de croire et d’agir ainsi. Et tout acte est le fait de raisons « paramétrées par le contexte » et perçues par l’individu comme plus fortes que d’éventuelles raisons alternatives (Boudon 2010 :90). Le voleur se dit que le vol d’automobile est un moyen plus expéditif que le travail de se procurer l’argent dont il a besoin. Les actions étudiées par les criminologues procèdent de raisons plus ou moins bien perçues par l’individu. Un délinquant choisit un délit plutôt qu’un autre parce que celui sur lequel il arrête son choix lui paraît préférable. Le voleur qui opte pour le vol d’auto plutôt que le vol à main armée dans un dépanneur le fait parce que voler une auto est plus payant et présente moins de risques.

Pour quelles raisons les jeunes gens commettent-ils des délits ? « Délinquants pourquoi? » propose une typologie des fins pouvant être réalisées par les délits violents ou non violents : l’action (le plaisir ludique de jouer avec le feu), l’appropriation, l’agression défensive, la vengeance, la domination (Cusson 1981).

Comment découvrir les raisons qui conduisent les individus à passer à l’acte? Premièrement, nous pouvons les déduire des notions utilitaristes de l’action humaine: les hommes cherchent le plaisir et veulent éviter la douleur ; ils recherchent un avantage au moindre coût ; choisissent les moyens les plus faciles et les plus rapides pour atteindre leurs fins. Deuxièmement, partant de l’idée que les êtres humains s’adaptent aux situations dans lesquelles ils se trouvent, nous pouvons examiner les caractéristiques de la situation dans laquelle un acte est posé pour en déduire les raisons de son auteur. Par exemple, juste avant le braquage, le commis se trouvait seul dans le dépanneur, en train de compter l’argent de la caisse : une belle somme, et la rue était déserte. Troisièmement, nous pouvons écouter les versions des acteurs du drame criminel : celle du délinquant et celle de la victime. Les entrevues, les autobiographies, les mémoires font ainsi découvrir les raisons des uns et des autres.

Le facteur temps est crucial dans l’analyse de l’action. « À quel moment le plaisir est-il 1/ attendu? 2/ ressenti? » « À court, à moyen ou à long terme ? » (Leman- Langlois 2007: 68). L’action est dirigée vers l’avenir : nous choisissons d’agir pour que, dans un avenir plus ou moins rapproché, nous serons dans une meilleure situation. Il arrive que la décision de tuer soit prise en réaction immédiate à une attaque ou à une provocation. Il arrive aussi, c’est le cas de l’assassinat, que le crime soit prémédité. La conséquence d’un meurtre est généralement immédiate : la victime meurt rapidement. Puis surviennent, pour le meurtrier, des conséquences plus ou moins éloignées : l’arrestation, la condamnation, l’incarcération. La séquence temporelle de la plupart des actes criminels est très différente de celle de l’activité laborieuse. La plupart des vols et des agressions ne sont que sommairement préparés et planifiés, souvent pas du tout. Ils sont exécutés en quelques minutes. Et leurs fruits sont cueillis presque tout de suite. Rien à voir avec la séquence temporelle qui s’impose dans le monde du travail. Le cultivateur doit labourer, semer, travailler pendant des semaines puis attendre le mûrissement de la récolte pour moissonner. Le salarié doit se faire embaucher puis travailler au moins quelques semaines avant de toucher son salaire. Le résultat du vol est presque instantané alors que le résultat du travail est différé. On comprend alors que les délinquants sont souvent impulsifs, présentistes, c’est-à-dire vivant dans le moment présent et étant peut influencés par les éventuelles conséquences à long terme de leurs choix. Leur rationalité est limitée au moment présent.

Le principe de l’individualisme méthodologique stipule que l’explication des phénomènes sociaux ou économiques doit partir des actions et des interactions des individus. Dans notre domaine, cela veut dire, par exemple, que l’évolution des taux d’homicide devrait être expliquée en s’interrogeant d’abord sur les raisons pour laquelle des individus sont entrés en conflit et pourquoi certains d’entre eux en sont venus à tuer leur prochain. On s’interrogera aussi sur les situations qui pourraient faire que le meurtre peut apparaître, durant une certaine époque, comme une solution peu risquée à des problèmes interpersonnels. Cette règle de méthode ne doit pas être confondue avec l’individualisme de celui qui est indépendant et égocentrique. Il ne s’agit pas non plus de préconiser l’étude d’un individu en particulier. L’individualisme méthodologique a été préconisé par des économistes et des sociologues, notamment, Weber (1922), Schumpeter (1954) et, plus près de nous, Boudon (1992). Cette règle fut énoncée en réaction contre les conceptions « holistes » soutenues aujourd’hui encore par des sociologues qui pensent que des entités comme la conscience collective ou la culture planent au-dessus des individus et les conditionnent. En criminologie, les notions de sous-culture, de gang et de structures sociales sont souvent présentées comme s’il s’agissait d’entités existantes en dehors des individus et dotées d’une puissance explicative sui generis. En réalité, il n’existe ni culture ni sous-culture en dehors des contrôles sociaux exercés par des individus. « C’est le bourreau et non l’État qui exécute un criminel », écrivait von Mises (1966: 47). Les caractéristiques de la criminalité et de la réaction sociale sont les conséquences, non de mystérieuses forces socioculturelles, mais de l’activité intentionnelle des délinquants, des victimes et d'autres acteurs sociaux, certains trouvant qu’il est dans leur intérêt de violer la loi, alors que d’autres contribuent à la prévention ou à la répression du crime par ce qu’ils sont payés pour le faire ou par conviction.

Situation précriminelle et occasion. L’action intentionnelle se veut une adaptation aux situations, une exploitation des occasions. L’acteur use de son intelligence pour décoder ce qu’il voit et ce qu’il entend de manière à choisir la ligne d’action la plus satisfaisante. Un voleur d’auto en ballade constate qu’une coûteuse voiture est déverrouillée et tourne au ralenti; personne ni dans la voiture ni ailleurs; la tentation est trop forte. « L’occasion fait le larron » dit le dicton. La sagesse des nations a bien vu que la décision de voler peut-être déclenchée par l’opportunité. Cette dernière est une des formes que prend la situation précriminelle (Cusson 2002). Cette notion sert à désigner les circonstances devant lesquelles se trouve le délinquant au moment où il envisage de passer à l'acte. Il tiendra compte de ce qu'il voit et de ce qu'il entend avant de conclure que l’infraction projetée présente, ou non, plus d'avantages que d'inconvénients. Parmi les éléments des situations criminelles, nous trouvons la cible (argent, bijoux, véhicule…), les victimes (présentes ou absentes), les éventuels témoins, la disposition des lieux (éclairage, portes, et fenêtres…), le système d’alarme, le dispositif de contrôle d’accès… Aux yeux du délinquant une situation précriminelle pourra paraître tentante (bonne occasion de gain au moindre coût), neutre (elle présente autant d’avantages que d’inconvénients) ou inintéressante (médiocre gain espéré, solide dispositif de protection, gardien vigilant). L’importance des situations dans le calcul des délinquants trouve son implication pratique dans la prévention situationnelle (voir dans ce dictionnaire l’article sur ce sujet).

Cohen et Felson (1979 ; voir aussi Felson 1998) ont démontré que les habitudes de vie « routinières » sont à la source d’opportunités criminelles. Ainsi, aux États-Unis, entre 1950 et 1975, de plus en plus de femmes sont entrées sur le marché du travail. Résultat : de plus en plus de maisons inoccupées durant le jour, ce qui favorisa l’expansion du cambriolage. Le style de vie des délinquants apparaît aussi comme une clé pour expliquer la récidive et la persistance de certains dans une carrière criminelle. Le flambeur qui sort soir après soir pour faire la fête, qui consomme alcool et drogue et qui ne se refuse rien se retrouve périodiquement dans des impasses dont il tente de s’extraire par des expédients criminels (Cusson 2005).

Les technologies et l’évolution technologique ont aussi une incidence sur les situations précriminelles, soit en multipliant les occasions soit, en sens contraire, en les limitant. Ainsi la prolifération de téléphones cellulaires s’est-elle accompagnée de grands nombres de vols de ces petits appareils. Les caméras de surveillance installées dans les banques ont contribué à la baisse des vols à main armée. Et les systèmes antivol, les systèmes d’alarme et GPS incorporés dans les véhicules automobiles ont réduit les opportunités de vols de véhicules.

Triangle. La probabilité qu’un crime soit commis est fonction de la convergence dans l’espace et le temps d’un délinquant motivé et d’une cible intéressante en l’absence de gardien. Ce passage bien connu de Cohen et Felson (1979) dessine les trois côtés des rapports triangulaires entre les acteurs du drame criminel. Les variations sur le même thème ne manquent pas : 1/ le délinquant, 2/ la victime, 3/ le lieu. Ou encore : 1/ les personnes qui ont prise sur le délinquant ; 2/ le gardien ; 3/ le garant du lieu (Clarke et Eck 2003). L’idée à retenir : l’acte délinquant n’est pas seulement le fait du délinquant, mais en outre de sa victime et des tierces parties, tous en interaction les uns avec les autres. Une réflexion sur la présence ou l’absence de ces trois termes et sur leur interaction aide à mieux comprendre le crime en tant qu’acte, à expliquer les récurrences et à découvrir les solutions préventives au problème. Qui plus est, ce rapport triangulaire débouche sur une réflexion stratégique.

2. La pensée stratégique en criminologie

La pensée stratégique s’inscrit dans le prolongement de la théorie du choix rationnel. Partant de la reconnaissance du caractère conflictuel du phénomène criminel, elle enrichit la criminologie d’une série d’idées qui aident à la compréhension des aspects violents du phénomène.

Le noyau dur. La plupart des théories criminologiques inspirées de la sociologie ou de la psychologie – incluant la théorie du choix rationnel – ont été conçues au départ pour rendre compte de comportements humains ordinaires. Or les crimes les plus préoccupants appartiennent à une catégorie à part. Gassin (1997 ; voir aussi Gassin et coll. 2011) s’est attaché à définir cette spécificité. Sa réflexion aboutit à la conclusion que les crimes universellement prohibés se démarquent par l’emploi de la violence ou de la ruse. Ces actes qui passent outre au consentement d’autrui et lui causent des dommages évidents se distinguent de la plupart des actions de la vie quotidienne: la coopération, les échanges consentants fondés sur la réciprocité, le contrat, l’altruisme, la relation amoureuse, le jeu… Dans de telles transactions, nous ne trouverons ni coercition ni tromperie délibérée et, à la différence de la violence ou de la fraude, chacun peut y trouver son compte. Il faut donc faire appel à un autre cadre théorique pour comprendre le noyau dur du phénomène criminel dans sa spécificité. Cette théorie, nous en trouvons les éléments dans les travaux des stratégistes.

Définitions. Le terme stratégie peut être défini de trois manières complémentaires. Dans le Larousse, nous trouvons un premier sens général qui rejoint la notion d’action rationnelle : « L’art de coordonner des actions et de manœuvrer pour atteindre un but. » Dans son deuxième sens, le mot désigne la conduite de la guerre; ce qui donne à penser que les ouvrages sur la stratégie pourraient nous aider à comprendre les comportements violents. Un troisième sens a été proposé par Beaufre (1963 : 16) : « La dialectique des volontés employant la force pour résoudre leur conflit ». Cette définition est un rappel utile du fait que la violence est interactive, chacun répondant aux coups portés par l’autre. La pensée stratégique peut donc apporter à la criminologie une compréhension du conflit qui oppose les acteurs sociaux dans un rapport dialectique marqué par la violence et la ruse. Elle peut aussi servir d’antidote contre le penchant de certains criminologues à voir leur objet d’étude avec des lunettes roses ; à ne penser qu’en termes de réhabilitation ; à refuser de voir la face sombre du crime, du criminel et de la répression.

Pour une compréhension stratégique du phénomène criminel. Dans ce qui suit, l’on trouvera, en sept propositions, quelques idées utiles pour comprendre la dynamique des homicides, des vols avec violence, des bagarres et aussi de l’action policière.

  • La nature et la gravité d’un crime résultent des actions et interactions conflictuelles entre un agresseur, une victime et des tierces parties.
  • Le rapport de force exerce une influence déterminante sur l’issue des affrontements violents. La force des protagonistes dépend de leur nombre, des armes dont ils disposent et de leurs masse musculaire. Le succès d’une action violente résulte d’une concentration de la force contre la faiblesse. C’est pourquoi chacun des adversaires cherche à être le plus fort à un moment donné et sur un point donné (Liddell Hart 1954: 407).
  • L’issue d’un affrontement violent entre deux ennemis sensiblement d’égales forces défie les calculs et les prévisions, pour les raisons suivantes : 1/ Le rapport des forces peut toujours changer au cours d’un conflit avec les changements d’alliance, d’armements et avec l’effet de surprise. 2/ Chacun cherche à tromper son ennemi en faisant le contraire de ce que ce dernier est porté à prévoir, ce qui rend imprévisibles les manœuvres de chacun. 3/ L’escalade peut s’enclencher conduisant les adversaires jusqu’à des extrémités insoupçonnées.
  • La dynamique endogène de la violence exerce une influence majeure sur la gravité des conséquences d’un affrontement et faire la différence entre un homicide et des voies de fait. Cette dynamique est marquée par des processus d’ascension aux extrêmes, de fuite en avant, de représailles et de contre représailles (Cusson 2013 : 96). Plus un ennemi devient violent, plus l’autre est conduit à résister avec un surcroît de violence.
  • L’issue d’une attaque frontale contre un ennemi sur ses gardes et bien déterminé à se défendre est toujours aléatoire. C’est pourquoi, plutôt que de foncer directement contre un ennemi prêt à faire face, l’on préférera trouver un stratagème pour le surprendre et l’attaquer sur son point faible au moment où s’y attend le moins. Le succès de la police de New York sous Bratton résulta d’une stratégie indirecte : les policiers firent reculer les vols qualifiés et les homicides commis avec une arme à feu en s’en prenant aux points faibles des délinquants et en les désarmant (Cusson 2010).
  • La victoire sourit à celui qui choisit une manœuvre tellement inhabituelle que son ennemi ne pourra ni la prévoir ni la parer (Liddell Hart 1954: 408).
  • Pour contrer la dissuasion, les délinquants opposent des mesures de contre dissuasives. Et pour échapper à la surveillance policière, ils adoptent des mesures de contre surveillance (Bouchard 2007 ; Cusson 2007).

Bibliographie

Beaufre, A. 1963. Introduction à la stratégie. Paris : Armand Colin.
Beccaria, C. 1764. Des délits et des peines. Genève : Droz (1965).
Becker, G. 1968. Crime and Punishment: An Economic Approach. The Journal of Political Economy 76: 169-217.
Bentham, J. 1802. Traité de législation civile et pénale (Traduction Et. Dumont). Londres : Taylor et Francis (réédition : 1858).
Bouchard, M. Leduc, M. 2007. Dissuasion et contre dissuasion. In Cusson, M., Dupont, B. et Lemieux, F. (Dir.), Traité de sécurité intérieure (pp. 429-436). Montréal : Hurtubise HMH.
Boudon, R. 1992. Action, in Boudon, R. (éd.). Traité de sociologie. Paris, P.U.F., pp. 21-55.
Boudon, R. 2010. La sociologie comme science. Paris : la Découverte.
Brantingham, P.J.; Brantingham, P.L. 1981. Environmental Criminology. Prospect Heights, Il., Waveland Press.
Brantingham, P.J.; Brantingham, P. L. 1984. Patterns in Crime. New York : Macmillan.
Clarke, R.V. (1983). “Situational Crime Prevention : Its Theoritical Basis and Practical Scope”, in Tonry, M.; Morris, N. (eds). Crime and Justice, vol. 4, pp. 225-256.
Clarke, R.V. 1980. “Situational” Crime Prevention : Theory and Practice. British Journal of Criminology, vol. 20, no 2, pp. 136-147.
Clarke, R.V.; J.E. Eck 2003. Become a Problem-Solving Crime Analyst: In 55 Small Steps. London: Jill Dando Institute of Crime Science.
Cohen et Felson, 1979 « Social Change and Crime Rate Trends ». Cohen, L.; Felson, M. (1979). Social Change and Crime Rate Trends : A Routine Activity Approach. American Sociological Review, 44, pp. 588-608.
Cook, P.J. (1986). The Demand and Supply of Criminal Opportunities, in Tonry, M.; Morris, N. (eds). Crime and Justice, vol. 7, pp. 1-27.
Cornish, D.B.; Clarke, R.V. (eds) 1986. The Reasoning Criminal. New York : Springer-Verlag.
Cusson, M. 1981. Délinquants pourquoi? Montréal : Hurtubise HMH, Paris : Armand Colin. Réédition : Bibliothèque Québécoise en 1989.
Cusson, M. 1986. “L’analyse stratégique et quelques développements en criminologie”. Criminologie, vol. 19, no 1, pp. 53-72.
Cusson, M. 1993. La dissuasion situationnelle ou la peur dans le feu de l’action. Les Cahiers de la Sécurité intérieure, no 12, pp. 201-220.
Cusson, M. 2002. Prévenir la délinquance. Les méthodes efficaces. Paris, Presses Universitaires de France (réédition : 2009).
Cusson, M. 2005. La Délinquance, une vie choisie. Montréal, Hurtubise HMH, 226 p. Réédition en collection de poches à la Bibliothèque Québécoise, 2010.
Cusson, M. 2007. La surveillance et la contre surveillance. In Cusson, M., Dupont, B. et Lemieux, F. (Dir.), Traité de sécurité intérieure (pp. 429-436). Montréal : Hurtubise HMH.
Cusson, M. 2010. L'Art de la sécurité, les enseignements de l'histoire et de la criminologie. Montréal, Hurtubise. Montréal : Hurtubise HMH (réédition aux Presses de polytechniques et universitaires romandes, 2011).
Cusson, M. 2013. De la provocation à l'homicide : une théorie de l'aggravation des rixes. Dans M. Cusson, S. Guay, J. Proulx et F. Cortoni (Dir.), Traité des violences criminelles. Les questions posées par la violence, les réponses de la science (pp. 83-102). Montréal : Hurtubise.
Ehrlich, I. 1974. Participation in Illegitimate Activities : “An Economic Analysis”, in Becker, G.S.; Landes, W.M. (eds). Essays in the Economics of Crime and Punishment. New York : National Bureau of Economic Research.
Ehrlich, I. 1979. “The Economic Approach to Crime. A Preliminary Assessment”, in Messinger, S.L.; Bittner, E. (eds). Criminology Review Yearbook, vol. I. Beverly Hills, Sage Publication, pp. 25-60.
Felson, M. 1994. Crime and Everyday Life. Thousand Oaks, California : Pine Forge Press.
Gassin, R. 1997. Criminologie. Paris : Dalloz.
Gassin, R. ; Cimamonti, S. ;Bonfils, P. 2011. Criminologie. Paris : Dalloz.
Leman- Langlois, S. 2007. La sociocriminologie. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal.
Liddell Hart, B. 1954. Stratégie. Paris : Perrin.
Mayhew, P. M.; Clarke, R.V.G.; Sturman, A. and Hough, J.M. (1976).y  Crime as Opportunity. Home Office Research Study, no 34. London : HMSO.
Montesquieu 1748. De l’esprit des lois. Paris : Garnier.
Schumpeter, J. 1954. History of Economic Analysis. London : Oxford University Press.
Simon, H. A. 1957. Models of Man. New York: Wiley.
Von Mises, L. 1966. L’action humaine. Paris : Presses universitaires de France (traduction 1985).
Weber. M. 1922. Économie et société. Paris : Plon. (Traduction 1971).
 

Sous la direction de Benoît Dupont et Stéphane Leman-Langlois

Chaire de recherche du Canada en sécurité, identité et technologie: http://www.benoitdupont.net

Chaire de recherche du Canada en surveillance et construction sociale du risque: http://www.social-surveillance.com

CICC: http://www.cicc.umontreal.ca

ISBN: 978-2-922137-30-9